• HISTOIR


    En 794, l'empereur Kamnu est un grand admirateur de la civilisation chinoise. Il fait édifier une nouvelle capitale qui sera Kyoto, sur le modèle de la capitale de Chine, Changan. A cette époque, les filles qui dansaient sur des prières bouddhistes étaient aussi les maîtresses des guerriers et des nobles. De ce curieux mélange de traditions, d'esthétique et de plaisir allait naître peu à peu l'art des geisha.
    On peut situer sa véritable naissance à 1600, quand le shogun Tokugawa s'installa à Edo, c'est à dire Tokyo, pour y exercer sa dictature militaire. Leur rôle alors se précisa : d'abord danseuses et musiciennes, elles eurent ensuite à verser le saké pour les convives des banquets. L'histoire des geisha est donc courte. Mais elles furent rapidement appréciées par leur éducation et leur raffinement dans l'art de converser et leur élégance. Elles devinrent assez vite les confidentes des hommes de la haute société ou des détendeurs de pouvoir.
    En 1700, un décret shogunal voulut réglementer cette nouvelle profession et obligea les geisha à résider dans des "quartiers réservés". Devant ce regroupement forcé avec les prostitués des quartiers de plaisir, un certain nombre de geisha décidèrent de quitter leur maison (Okiya), l'établissement qui les formaient. Elles se regroupèrent alors en écoles. Au 18ème siècle, les geisha étaient considérées comme exerçant une profession définie, bien distincte de celle des courtisanes, les yujo. Elles ne devaient pas vendre leurs charmes, ni porter de tenues voyantes.
    Aujourd'hui les geisha ont refusé toute occidentalisation et c'est ainsi qu'elles sont devenues les dépositaires d'une grande partie de ce qui furent la culture et la structure de la société japonaise traditionnelle.


    L'APPRENTISSAGE


    MaikoLa maison des geisha, l 'Okiya, accueille les apprenties geisha. Cette profession s'exerçait en général de mères en filles mais on trouvait aussi beaucoup de filles pauvres, parfois vendues par leur famille, qui était assurée que leur fille recevrait ainsi une éducation correcte. Aujourd'hui la loi exige qu'elles soient allées à l'école jusqu'à 15 ans.
    Dès son plus jeune âge, la petite fille quitte donc sa maison familiale pour rejoindre l'Okiya, basée selon le modèle hiérarchique familial. A sa tête une mère (Mama San) qui gère toute la maison. L'Okiya se compose des geisha qui travaillent pour rembourser les frais de leur formation (repas, cours, frais de médecine, acquisition des costumes, etc.) et des apprenties geisha, qui apprennent leur art "gratuitement" (sous condition de rembourser plus tard) en allant à l'école et par l'intermédiaire de leurs grandes soeurs geisha. La hiérarchie est basée sur l'ancienneté des filles. L'apprentissage est difficile et long. A la fin, l'apprentie est initiée aux maisons de thé, aux mécènes et aux clients. Elle devient alors une véritable geisha.


    LE DANNA


    Traditionnellement, chaque geisha avait un protecteur, un danna. Aujourd'hui, il n'y a pas assez d'hommes riches pour que chacune ait son danna. Celui-ci est généralement un homme d'affaire, un directeur de société. Il lui verse une pension mensuelle et lui paie son temps en plus lorsqu'elle participe à un banquet.
    Traditionnellement, le dépucelage de la geisha était la prérogative du danna, mais dans certains cas, la maison en confiait le soin à un homme choisi pour sa délicatesse et qui payait très cher pour ce privilège, surtout si la geisha était convoitée et qu'elle excellait dans son art.
    De nos jours, la geisha est plus responsable de sa vie sexuelle et elle doit attendre généralement l'âge de 20 ans pour trouver un protecteur. Ce qui ne l'empêche pas, socialement, d'être considérée comme célibataire, car tant qu'elle est dans la profession, elle n'a pas le droit de se marier.

    FONCTION

    Geisha cérémonie du thé

    Une geisha est essentiellement une hôtesse professionnelle entraînée aux Arts du Divertissement. Traditionnellement, même encore aujourd'hui en dépit du nombre grandissant des mariages d'amour, les divertissements et les sorties de l'homme japonais se déroulent sans son épouse et ont lieu avec ses relations de travail.
    Les geisha sont en général plusieurs quand il s'agit d'un banquet. Leur rôle consiste, entres autres, à servir le saké. Elles peuvent accepter d'en boire avec les convives mais ne sont pas autorisées à partager la nourriture. Pendant la soirée, elles dansent, chantent, récitent des poèmes traditionnels ou jouent d'une sorte de luth, le shamisen, ou encore du tambour ou de la flûte. Elles ouvrent les portes, servent le thé selon la tradition. Tous leurs talents sont faits pour enchanter un banquet, une réunion, un repas et sont très utiles pour briser la glace auprès de clients réunis pour discuter d'un contrat ou d'une alliance politique par exemple.
    Cependant, le prix élevé des prestations restreint cette possibilité aux sociétés ou partis influents et aux hommes riches. Les geisha n'entrent que très rarement dans la vie du japonais moyen.

     


    ART VIVANT


    La geisha doit maîtriser l'art de la toilette et de la coiffure comme celui du rituel du thé. Elle possède la science du chant et de la danse. Elle joue aussi d'instruments de musique traditionnels et connaît l'arrangement floral (ikebana), la calligraphie, la comédie, la grâce sociale, la conversation et sait donc également entretenir une conversation plaisante, nourrie de réparties intelligentes. Elle fait l'amour avec une science et un art éprouvés, selon les traditions érotiques chinoises et japonaises.
    En dehors des banquets et des maisons de thés, les geisha donnent aussi des spectacles publics pour célébrer certains évènements.
    Par tous ses talents, la geisha est ainsi une forme "d'art vivant".


    COSTUMES


    La geisha porte un kimono appelé obebe. Assemblé de plusieurs morceaux, il est très lourd mais somptueux, égalant en richesse et en raffinement comme le kimono du mariage. Entièrement réalisé à la main, il arbore de délicats motifs de décoration et nécessite à peu près 24 mètres d'étoffe pour le confectionner. Une ceinture, l'obi, est nouée dans le dos à l'inverse des prostitués qui la nouent sur le ventre. Sous le kimono, elle porte une robe dont le col dépasse à la base du cou. Une authentique geisha porte le col dans les mêmes teintes que son kimono, tandis que celui d'une maiko (apprentie) est rouge et celle qui est en voie de le devenir doit porter le col blanc.
    Chaque geisha possède environ une quinzaine de kimonos, dont le prix peut varier de 12.000 à 23.000 euros. Achetés par la Mama san de sa maison, ils seront remboursés au fur et à mesure des gains obtenus par la geisha. Ce remboursement s'étale généralement sur plusieurs années. La garde-robe de la geisha lui permet ainsi de se changer deux ou trois fois au cours d'un même dîner, comme il se doit.
    La coiffure et le maquillage jouent également un rôle primordial.
    Les chignons compliqués, reproduisant les coiffures de l'ère d'GeishaEdo, que portent les geisha imposent des heures d'arrangement et bien sûr d'avoir des cheveux longs ou très longs. Comme elles doivent changer de coiffure à chaque danse, elles ont adopté, dans les années 60, le port de la perruque, ou Katsura, toujours faits de vrais cheveux et donc très chers.
    Le maquillage est demeuré le même depuis des siècles. Il se compose d'une base blanche qui recouvre tout le visage et d'une teinte rouge vif qui recouvre toutes les lèvres. Pour renforcer l'aspect sensuel, des rayures rouges sont peintes à la base du cou, ce qui donne l'impression de voir, au travers du masque blanc, la peau nue de la geisha.


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    L'origine

    Comme celles de tout objet à fort pouvoir mythologique, les origines historiques du Jean restent entourées d'un certain mystère. À cela différentes raisons dont la principale tient sans doute à l'incendie qui, en 1906, lors du grand tremblement de terre de San Francisco, a détruit les archives de la firme Levi Strauss, créatrice du célèbre pantalon un demi-siècle plus tôt. C'est en effet au printemps 1853 que le jeune Levi Strauss (curieusement son prénom véritable demeure incertain), petit colporteur juif de New York, originaire de Bavière et âgé de vingt- quatre ans, arrive à San Francisco, où depuis 1849 la fièvre de l'or découvert dans la Sierra Nevada provoque un accroissement de population considérable. Il apporte avec lui une grande quantité de toile de tente et des bâches pour chariots avec l'espoir de gagner convenablement sa vie. Mais les ventes se révèlent médiocres. Un pionnier lui explique que dans cette partie de la Californie on n'a pas tant besoin de toile de tente que de pantalons solides et fonctionnels. Le jeune Levi Strauss a alors l'idée de faire tailler des pantalons dans sa toile de tente. Le succès est immédiat, et le petit colporteur de New York devient confectionneur de prêt-à-porter et industriel du textile. Il fonde avec son beau-frère une société qui ne cesse de croître au fil des années. Bien que celle-ci diversifie sa production, ce sont les salopettes (overalls) et les pantalons qui se vendent le mieux. Ceux-ci ne sont pas encore bleus mais de différents tons s'inscrivant entre le blanc cassé et le brun foncé. Mais la toile de tente, si elle est très solide, constitue un tissu vraiment lourd, rêche et difficile à travailler. Entre 1860 et 1865, Levi Strauss a donc l'idée de la remplacer progressivement par du denim, tissu de serge importé d'Europe et teint à l'indigo. Le jean bleu est né.

     

    L'origine de ce terme anglais denim est controversée. Il est possible qu'il s'agisse au départ d'une contraction de l'expression française « serge de Nîmes », étoffe faite de laine et de déchets de soie fabriquée dans la région de Nîmes depuis au moins le XVII siècle. Mais ce terme désigne aussi, à partir de la fin du siècle suivant, un tissu associant le lin et le coton, produit dans tout le Bas-Languedoc et exporté vers l'Angleterre. En outre, un beau drap de laine, produit sur les bords de la Méditerranée entre la Provence et le Roussillon, porte le nom occitan de nim. Il est peut-être lui aussi à l'origine du mot denim. Tout cela reste incertain, le chauvinisme régional des auteurs ayant écrit sur ces questions ne facilitant pas la tâche des historiens du vêtement.

    Quoi qu'il en soit, au début du XIXe siècle, c'est un tissu de coton très solide, teint a 1 indigo, qui porte en Angleterre et aux Etats-Unis d'Amérique le nom de denim ; il sert notamment à fabriquer les vêtements des mineurs, des ouvriers et des esclaves noirs. C est donc lui qui, à l'horizon des années 1860, remplace peu à peu le jean, étoffe dont Levi Strauss se servait jusque-là pour tailler ses pantalons et ses salopettes. Ce mot jean correspond a la transcription phonétique du terme italo-anglais genoese, qui signifie tout simplement « de Gènes ». La toile de tente et de bâche dont se servait le jeune Levi Strauss appartenait en effet a une famille de tissus autrefois originaires de Gènes et de sa région; faits d'abord d'un mélange de laine et de lin, plus tard de lin et de coton, ils servaient à fabriquer, depuis le XVIe siècle, des voiles de navire, des pantalons de marin, des toiles de tente et des bâches de toutes sortes.

     
    À San Francisco, le pantalon Levi Strauss par une sorte de métonymie, avait pris dès les années 1853-1855 le nom de son matériau : jean. Lorsqu'une dizaine d'années plus tard ce matériau changea, le nom resta. Les jeans furent désormais taillés dans du denim et non plus dans de la toile de Gênes, mais leur nom ne fut pas changé pour autant.

    Un vêtement de travail :

    En 1872, Levi Strauss s'associa avec un tailleur juif de Reno, Jacob W. Davis, qui deux ans plus tôt avait imaginé de confectionner des pantalons pour bûcherons ayant sur l'arrière des poches fixées au moyen de rivets. Bien que l'expression blue jeans ne fasse son apparition commerciale qu'en 1920, les jeans Levi Strauss, dès les années 1870, étaient tous de couleur bleue, car le coton denim était teint à l'indigo. Il était trop épais pour absorber totalement et définitivement toute la matière colorante, si bien qu'il ne pouvait être garanti « grand teint ». Mais c'est justement cette instabilité de la teinture qui fit son succès : la couleur apparaissait comme une matière vivante, évoluant en même temps que le porteur du pantalon ou de la salopette. Quelques décennies plus tard, lorsque les progrès de la chimie des colorants permirent de teindre à l'indigo n'importe quelle étoffe de manière solide et uniforme, les firmes productrices de jeans durent blanchir ou décolorer artificiellement leurs pantalons bleus afin de retrouver la tonalité délavée des origines.

    À partir de 1890, en effet, la patente juridico-commerciale qui protégeait les jeans de la firme Levi Strauss prit fin. Des marques concurrentes virent le jour qui proposèrent des pantalons taillés dans un tissu moins épais et vendus moins cher. La firme Lee, créée en 1911, eut l'idée de remplacer les boutons de braguette par une fermeture Éclair en 1926. Mais c'est la firme Elue Bell (devenue Wrangler en 1947) qui, à par tir de 1919, fit la plus forte concurrence aux jeans Levi Strauss. Par réaction, la puissante firme de San Francisco (dont le fondateur était mort milliardaire en 1902) créa le « Levi's 50l»,taillé dans un coton denim double et gardant fidèlement les rivets et les boutons métalliques. En 1936, pour éviter toute confusion avec des marques concurrentes, une petite étiquette rouge portant le nom de la marque fut cousue le long de la poche arrière droite de tous les authentiques jeans Levi Strauss. C'était la première fois qu'un nom de marque s'affichait de manière ostensible sur la partie extérieure d'un vêtement.


    Marilyn Monroe, 1953

    Un vêtement de loisirs :

    Entre-temps, le jean avait cessé d'être seulement un vêtement de travail. C'était devenu aussi un vêtement de loisirs et de vacances, notamment pour la riche société de l'est des Etats-Unis venant passer ses vacances à l'ouest et voulant y jouer aux cow-boy et aux pionniers. En 1935, la luxueuse revue Vogue accueillit sa première publicité pour ces jeans « bon genre ». En même temps, sur certains campus universitaires, le jean était adopté par des étudiants, notamment ceux de deuxième année qui s'efforcèrent pendant un temps d'en interdire le port aux « bizuths » de première année. Le jeans devenait un vêtement de jeunes et de citadins, plus tard de femmes. Après la seconde guerre mondiale sa vogue toucha l'Europe occidentale. On s'approvisionna d'abord dans les « stocks américains », puis les différents fabricants installèrent leurs usines en Europe même. Entre 1950 et 1975, une partie de la jeunesse se mit progressivement à porter des jeans. Les sociologues virent dans ce phénomène, largement relayé (sinon manipulé) par la publicité, un authentique fait de société, un vêtement androgyne, un emblème de contestation ou de la révolte des jeunes. Toutefois, à partir des années 1980, beaucoup de jeunes, en Occident, commencèrent à se détourner du jean au profit de vêtement de coupes différentes, taillés dans d'autres tissus de textures et de couleurs plus variés. Sur les jeans, en effet, malgré des tentatives faites dans les années 1960 et 1970 pour diversifier les couleurs, le bleu et ses différentes nuances restaient et restent encore aujourd'hui nettement dominants.


    Jane Birkin, 1972

    Un vêtement contemporain :

    Alors qu'en Europe occidentale le port du jeans était en recul (le fin du fin, à partir des années 1980, était de ne plus en porter), celui-ci devint dans les pays communistes (et aussi dans les pays en voie de développement, et même dans les pays musulmans) un vêtement contestataire, une ouverture vers l'Occident, ses libertés, ses modes, ses codes, ses systèmes de valeurs. Cela dit, si on tente un bilan, réduire l'histoire du jean à celle d'un vêtement libertaire ou contestataire est abusif, sinon faux. Sa couleur bleue le lui interdit. C'est à l'origine un vêtement de travail masculin, dont le port s'est étendu aux femmes puis à l'ensemble des classes et catégories sociales. A aucun moment, même dans les décennies les plus récentes, la jeunesse n'en a eu le monopole. Quand on regarde les choses de près, c'est à dire quand on prend la peine de considérer l'ensemble des jeans portés en Amérique du Nord et en Europe entre la fin du XIXe siècle et la fin du XXe, on s'aperçoit que le jean est un vêtement ordinaire, porté par des gens ordinaires, ne cherchant nullement à se mettre en valeur, à se rebeller, à transgresser quoi que ce soit, mais bien au contraire à porter un vêtement solide, sobre et confortable, voire à oublier qu'ils portent un vêtement. A la limite, on pourrait dire que c'est un vêtement protestant – même si son créateur est juif- tant il correspond à l'idéal vestimentaire véhiculé par les valeurs protestantes : simplicité des formes, austérité des couleurs, tentation de l'uniforme.

    Dans les années 2000, après des années où le jean cédait devant la suprématie du jogging, il revint en force auréolé de nouveautés techniques : coutures tournantes, tissu élastiss, incrustations de dentelles ou autres, et motifs délavés imitant l'usure du vieux jean (moustache), impressions, etc... . Depuis, il n'a pas quitté nos penderies !

     


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  • Serge Gainsbourg, né Lucien Ginsburg le 2 avril 1928 à Paris et mort le 2 mars 1991 à Paris, est un auteur-compositeur-interprète et cinéaste français.

    Il voulut devenir artiste-peintre, mais en vain. Par la suite, il devint célèbre en tant qu'auteur-compositeur-interprète et toucha à de nombreux styles musicaux, mais aussi au cinéma et à la littérature. Il a réalisé plusieurs films et vidéo-clips et composé plus de 40 bandes sonores. Enfin, il s'est créé l'image d'un poète maudit et provocateur.

    Biographie

    Enfance et jeunesse

    C'est en 1919 que Joseph et Olia Ginsburg quittent la Russie pour Paris, fuyant le bolchevisme, en passant par Istanbul, puis Marseille. Joseph est pianiste de bar et de cabaret, Olia chante au Conservatoire russe, et ils vivent rue de la Chine dans le 20 arrondissement de Paris. Ils ont un premier fils, Marcel, qui meurt en bas-âge d'une maladie. Ils auront ensuite une fille, Jacqueline, en 1926, puis des faux jumeaux, Liliane et Lucien, en 1928, nés à la maternité de l'Hôtel-Dieu de Paris sur l'Île de la Cité.

    Dans son enfance, le petit Lucien vit à Paris dans les quartiers populaires dans le 20e puis le 9e arrondissement. Son père lui apprend le piano classique et le poussera vers le monde de la peinture.

    Les années de la guerre sont difficiles pour lui et il est obligé de porter l'étoile jaune (« Une étoile de shérif », dira-t-il plus tard par dérision). Il devra même se cacher trois jours durant dans une forêt tandis que les SS recherchent les juifs. La famille se réfugie en province en 1944 sous le nom de Guimbard.

    De retour à Paris après la libération, la petite famille s'installe dans le XVI arrondissement de Paris. Lucien est en échec scolaire et abandonne peu avant le bac au lycée Condorcet. Il s'inscrit alors aux Beaux-Arts mais est rebuté par les hautes études mathématiques et abandonne. Il rencontrera là sa première femme, Élisabeth Levitsky, qui a des accointances avec les surréalistes.

    L'année 1948 est une année importante pour Lucien qui fait son service militaire à Courbevoie où il sera envoyé régulièrement au trou pour insoumission. Il commence là sa « période » éthylique ; privé de permission, il s'enivre au vin avec ses camarades de régiment. C'est également durant cette période qu'il apprend à jouer de la guitare.

    Un déclic avec Boris Vian

    Jusqu'à l'âge de trente ans, Serge Gainsbourg vit de petits boulots. Il est tour à tour professeur de dessin, de chant, surveillant… Mais son activité principale est la peinture. Il aurait aimé être un génie de la peinture comme Francis Bacon ou Fernand Léger, dont il fut l'élève, mais il abandonne rapidement la bohème pour devenir crooner de piano-bar dans les casinos de la côte comme le Touquet Paris-Plage ou Deauville et dans des boîtes parisiennes comme Madame Arthur.

    Il a une révélation en voyant Boris Vian, qui écrit et interprète des textes provocateurs, drôles, cyniques, qui font grincer des dents, loin des vedettes du moment, comme Dario Moreno ou Annie Cordy.

    En 1957, c'est par hasard que Michèle Arnaud, chanteuse « rive gauche », qu'il accompagne à la guitare dans son tour de chant au cabaret Milord l'Arsouille (où, le reste du temps, il est pianiste d'ambiance), découvre avec stupéfaction les compositions de Gainsbourg et l'incite à interpréter son propre répertoire au même cabaret. Elle sera d'ailleurs sa première interprète en enregistrant, dès 1958, les titres La Recette de l'amour fou, Douze Belles dans la peau, Jeunes Femmes et vieux messieurs et La Femme des uns sous le corps des autres. C'est là qu'il fait ses premières armes, compose de nombreuses chansons et même une revue musicale. Il se lance aussi dans sa course effrénée des femmes, qu'il séduit en grand nombre, ce qui le fait s'éloigner de son épouse d'avec qui il divorce en 1957, six ans après leur mariage.

    Son premier album, Du chant à la une d'où est extrait Le Poinçonneur des lilas, détonne mais est un échec commercial. Il est remarqué par Marcel Aymé, qui dit que ses chansons « ont la dureté d'un constat ». Son maître Boris Vian, avant de mourir en 1959, le compare à Cole Porter.

    Lorsque l'époque des yéyés arrive, il est alors âgé de 32 ans, il n'est pas très à l'aise : il passe en première partie de Brel ou Gréco, mais le public le rejette et les critiques cruels se moquent de ses grandes oreilles et de son nez proéminent.

    Il rencontre alors Elek Bacsik et Michel Gaudry et leur demande de faire un disque avec lui. Ce sera Gainsbourg confidentiel empreint d'un jazz archimoderne qui plaisait tant à Gainsbourg mais qui, il le sait, ne lui permettra jamais d'atteindre le succès. Ce disque ne se vend qu'à 1500 exemplaires. Sa décision était prise dès la sortie du studio : « Je vais me lancer dans l'alimentaire et m'acheter une Rolls ». Malgré tout, son album suivant, Gainsbourg percussions, inspiré (parfois directement - et sans droit d'auteur !) des rythmes africains de Miriam Makeba et Babatunde Olatunji, reste encore à l'écart de la vague yéyé qui apparaît et fera la fortune de Gainsbourg.

    L'Eurovision pour France Gall

    C'est en écrivant pour Juliette Gréco (Accordéon, La Javanaise) et Petula Clark (La Gadoue) qu'il rencontre ses premiers succès, mais c'est avec Françoise Hardy (Comment te dire adieu ?) et surtout France Gall qu'il va réussir à séduire un public jeune. Après ses premiers succès gainsbourgiens (N'écoute pas les idoles, Laisse tomber les filles), France Gall remporte, en 1965, le grand Prix du Concours Eurovision de la chanson après avoir choisi le titre Poupée de cire, poupée de son, écrite par Gainsbourg à l'instigation de Maritie et Gilbert Carpentier, parmi les dix qu'on lui proposait. La chanson lauréate devient le tube international qui passe sur toutes les ondes et que France Gall enregistre même en japonais. Gainsbourg continue sur la veine du succès avec France Gall, en 1966, grâce à Baby Pop et surtout aux Sucettes à l'anis.

    Fin 1967, il vit ensuite une passion courte mais torride avec Brigitte Bardot à qui il dédie la chanson Initials B.B. après lui avoir écrit quelques titres emblématiques (Harley Davidson, Bonnie and Clyde, Je t'aime... moi non plus, même si ce dernier titre enregistré avec elle en duo en 1967 en version symphonique fut rendu célèbre l'année suivante par Jane Birkin ; la version originale, d'abord gardée secrète par Serge Gainsbourg à la demande de Brigitte Bardot, ne sortira quant à elle qu'en 1986 : ce sera un tube).

    Sur le plateau du tournage de Slogan, en 1968, il rencontre Jane Birkin pour laquelle il sera à nouveau auteur-compositeur. Je t'aime... moi non plus et 69 Année érotique sont d'immenses succès qui dépassent les frontières.

    Ils deviennent pendant dix ans un couple très médiatique, à la pointe de l'actualité, chacun enchaînant tournage après tournage.

    Ses années 1970 sont marquées par l'écriture et la composition de 4 albums phares : Histoire de Melody Nelson en 1971, Vu de l'extérieur en 1973, Rock around the bunker en 1975 et L'Homme à tête de chou en 1976. Si, au départ, ces albums rencontrent peu de succès commercial (les ventes plafonnent à 30000 exemplaires), ils le hissent au rang de l'avant-garde de la chanson française.

    Histoire de Melody Nelson est accueilli par la presse comme « le premier vrai poème symphonique de l'âge pop ».

    En mai 1973, Serge Gainsbourg est victime d'une crise cardiaque. Il continue pourtant de boire et de fumer, fidèle au personnage qu'il est en train de devenir.

    L'album Vu de l'extérieur comporte un tube : Je suis venu te dire que je m'en vais.

    Avec Rock around the bunker il pousse l'autodérision (il avait dû se cacher des lois antijuives de l'Occupation) et la provocation à son comble : il tourne en dérision, au second degré, l'esthétique et la verroterie nazies. L'album, enregistré à Londres, est radicalement rejeté par les programmateurs de radio qui ne voient dans cette farce à la Boris Vian qu'une provocation scandaleuse avec des titres comme Nazi rock ou Tata teutonne. Pourtant, à la fin de la décennie 1980, cet album sera couvert de disques d'or.

    Marseillaise reggae

    On lui demande des bandes sonores de films. Il abandonne sans regret la scène jusqu'en 1979, réconcilié avec le public grâce à sa Marseillaise revue « à la sauce reggae » (dont le refrain est « aux armes et cætera »), avec la participation des choristes de Bob Marley (I Threes) et des musiciens de Peter Tosh (Sly and Robbie).

    Ses disques solo lorgnent d'abord vers le jazz et les rythmes afro-cubains, c'est le fameux Gainsbourg Percussions avec des rimes audacieuses hachées menu. Il cultive son aura d'artiste culte en participant à de nombreux films. Malheureusement pour lui, s'il est considéré comme un acteur de talent, il ne tourne pratiquement que dans des films de peu d'ampleur.

    En 1976 il se lance pour la première fois dans la réalisation cinématographique. Son film Je t'aime moi non plus obtient très vite une réputation sulfureuse avec un scénario audacieux touchant aux tabous de l'homosexualité et de l'érotisme. Il réalise trois autres films, Équateur en 1983, Charlotte for Ever en 1986 et enfin Stan the Flasher en 1990. Ses films ont peu de succès, les sujets abordés étant toujours provocateurs, que ce soit l'inceste (Charlotte for Ever), la pédophilie, l'exhibitionnisme (Stan the Flasher) ou l'homosexualité…

    Il compose des tubes comme L'Ami Caouette mais surtout le fameux et sombre album L'Homme à tête de chou avec ses sulfureuses Variations sur Marilou. En 1979, il rejoint le groupe rock Bijou sur scène et verse une larme : le jeune public rock lui fait une ovation.

    Son nouvel album enregistré à Kingston devient disque de platine en quelques mois. La Marseillaise reggae choque le journaliste du Figaro Michel Droit qui écrit un article assassin, à la limite de l'antisémitisme. Serge Gainsbourg lui répondra par voie de presse dans un article intitulé On n'a pas le con d'être aussi Droit. La salle de concert à Strasbourg où il doit se produire est saccagée par des militaires (le chaos est tel que ses musiciens noirs refusent d'entrer sur scène), ce qui n'empêche pas Serge Gainsbourg d'entamer une tournée triomphale avec ses acolytes reggae, les fameux Sly and Robbie accompagnés des choristes de Bob Marley : les I Threes.

     

    « Gainsbarre »

     

    Les boîtes de nuit, les beuveries, le noctambulisme, la décrépitude physique… De plus en plus, « Gainsbarre » succédera à Gainsbourg avec quelques apparitions télévisées plus ou moins alcoolisées. Il forge ainsi sa légende de poète maudit mal rasé et ivre qui lui vaut tantôt l'admiration, tantôt le dégoût. Au bout de dix ans, Jane Birkin n'en peut plus et le quitte.

    Gainsbourg écrit son nouvel album reggae avec ces paroles sur Ecce Homo : « Il est reggae hilare, le cœur percé de part en part ».

    Il rencontre une nouvelle égérie, Bambou, pour laquelle, manie gainsbourgienne, il ne peut s'empêcher de composer. Il lui fait chanter quelques titres qui ne rencontrent pas les faveurs du public (Made in China, 1989).

    Son œuvre intégrale sort en coffret CD avec de nombreux introuvables que les collectionneurs s'arrachent à prix d'or ; toutefois, les chansons écrites pour ses interprètes ne sont pas incluses. Il part ensuite pour New York où il enregistre ses deux derniers albums, Love on the Beat et You're Under Arrest. Après le reggae, il se frotte au hip-hop et au funk. Il se produit de longues semaines en concert au Casino de Paris.

    Gainsbourg s'éteint en 1991 à la suite d'une cinquième crise cardiaque (un comble pour celui qui suivait affligé les enterrements de ses cardiologues successifs).

    Il est enterré avec ses parents au cimetière du Montparnasse (1 section) à Paris où sa tombe est l'une des plus visitées avec celles de Jean-Paul SartreSimone de Beauvoir et de Charles Baudelaire qu'il mit en musique (Baudelaire, Le serpent qui danse, Album nº 4, 1962). Depuis 1991, sa tombe déborde constamment de plantes et objets divers (photos, choux - pour L'Homme à la tête de..., petits mots, tickets de métro recouverts d'un message - ce qu'on retrouve sur d'autres tombes du cimetière mais qui pour l'auteur du Poinçonneur des Lilas a une saveur particulière). La tombe porte le nom de Serge Gainsbourg et de ses parents, Olga (1894-1985) et Joseph (1896-1971) Ginsburg.

    Lors de son enterrement, le 7 mars 1991, vinrent notamment parmi la foule, outre sa famille, Catherine Deneuve, Isabelle Adjani, Françoise Hardy, Patrice Chéreau, Renaud, Johnny Hallyday, les ministres Jack Lang et Catherine Tasca, et les brigades de cuisiniers et serveurs du restaurant Marc Meneau, où il avait passé ses derniers jours. Catherine Deneuve lut sur la tombe le texte de la chanson Fuir le bonheur de peur qu’il se sauve .

    On peut dire, en 2006, que Gainsbourg demeure une présence influente et importante de la chanson française. De nombreux chanteurs de la « nouvelle scène française » le citent en référence ainsi que certains rappeurs comme Stomy Bugsy, MC Solaar ou la Scred Connexion.

    Serge Gainsbourg est le père de l'actrice Charlotte Gainsbourg, issue de son union avec la comédienne et chanteuse Jane Birkin. Il a interprété, avec sa fille, le morceau Lemon Incest dans l'album Love on the beat en 1984. Il a également écrit et composé pour elle l'album Charlotte for Ever en 1986.

    Il est également le père d'un garçon, Lucien dit Lulu Gainsbourg, né en 1986 de son union avec Bambou. Il a deux autres enfants, Natacha, née le 8 août 1964 et Paul, né au printemps 1968, nés d'un précédent mariage avec Françoise Pancrazzi, dite Béatrice, dite « la princesse Galitzine » avec laquelle il vécut un peu moins d'une décennie dans les années 1960.

     

    Un film biographique

     

    Le scénariste et dessinateur Joann Sfar prépare un film biographique sur Serge Gainsbourg, dont le rôle sera interprété par Éric Elmosnino. Serge Gainsbourg : vie héroïque est prévu pour 2009. Joann Sfar indique: « Ça va être une grande histoire qui commence pendant la deuxième guerre mondiale et qui se termine dans les années 1980. (...) il va s'agir d'un film très documenté qui court tout le long de la vie de Gainsbourg. Mais avant tout ça sera une fable. Elle contiendra autant de vérités que d'inventions. (...) C'est le pianiste Gonzalès qui prêtera ses mains à Serge Gainsbourg. Les arrangements et compositions sont confiés au formidable Olivier Daviaud. (...) c'est David Marti et l'équipe de DDT qui s'occupera des effets spéciaux, (...) ce sont eux qui ont fait le Labyrinthe de Pan et la plupart des films de Guillermo del Toro. »

    Influences

    Serge Gainsbourg marque fortement la musique française. Il n'hésite pas à métisser ses compositions avec des influences musicales très variées, contribuant à en populariser certaines en France :

    • le reggae, avec l'album Aux armes et cætera... enregistré à Kingston (Jamaïque) suivi de Mauvaises Nouvelles des étoiles,
    • le rap avec You're Under Arrest,
    • la musique afro-cubaine : Couleur café, entre autres,
    • le jazz : Du jazz dans le ravin, album Gainsbourg Confidentiel
    • le classique : plusieurs de ses morceaux sont inspirés de thèmes classiques tels que Lemon Incest, Ma Lou Marilou, Initials BB, My lady heroïne ou Baby Alone in Babylone,
    • le rock progressif : album Histoire de Melody Nelson.

       

     

    La musique de Gainsbourg sera par la suite fréquemment échantillonnée et réutilisée par des artistes aussi bien français (ex : MC Solaar pour Nouveau Western) qu'internationaux (par exemple, Massive Attack dans Karmacoma (Portishead experience) ou Jennifer Charles d’Elysian Fields, qui reprend Les Amours perdues, sur un album de reprises de Gainsbourg par des groupes de l'avant-garde new-yorkaise, sous l'égide du jazzman John Zorn). Mick Harvey, le guitariste de Nick Cave, a enregistré deux albums de reprise, Intoxicated Man (1995) et Pink Elephants (1997). L'album Monsieur Gainsbourg Revisited sorti en mars 2006, regroupe 14 adaptations anglaises réalisées par Boris Bergman et interprétées notamment par Franz Ferdinand, Portishead, Placebo, Jarvis Cocker, Kid Loco, Gonzales, Feist, Tricky...

    Serge Gainsbourg imprime en outre durablement sa marque grâce à ses textes. Dans un style poétique, il n'hésite pas à produire des rimes complexes (Comment te dire adieu ?). Friand de jeux de mots, il s'appuie fréquemment sur le double sens. Les allusions érotiques sont de plus en plus fréquentes au fur et à mesure de sa carrière. Certaines de ses chansons marquent les mémoires par leur caractère provocateur, ainsi les allusions appuyées à la fellation dans Les Sucettes, qui provoquent l'émoi dans la bouche d'une France Gall d'à peine 18 ans. Elle dira n'avoir compris le double sens du texte que des années plus tard. Puis c'est Jane Birkin feignant l'orgasme dans Je t'aime, moi non plus, tube planétaire. Gainsbourg flirte avec le tabou de l'inceste en compagnie de sa fille, la frêle Charlotte Gainsbourg : dans les années 1980, elle accompagne son père dans le duo Lemon Incest, titre évocateur qui suscitera une levée de boucliers. Gainsbarre atteindra les sommets de la provocation érotique avec le tube Love on the Beat : véritable poème pornographique, dit par lui-même d'une voix monocorde et cassée. Le fond sonore est constitué des cris orgasmiques de Bambou, enregistrés à l'insu de la chanteuse. L'orchestration baigne dans un funk froid et les chœurs scandent le titre de la chanson de leurs voix androgynes et mouvantes.

    Interprètes féminines

    Serge Gainsbourg écrit pour de nombreuses interprètes, seules ou le temps d'un duo à leur côté, notamment :

    • Isabelle Adjani : Pull Marine, Rocking-chair, Ohio
    • Élisabeth Anaïs : Mon père un catholique
    • Michèle Arnaud : La Femme des uns sous le corps des autres, Les Papillons noirs (dont une version en duo avec Gainsbourg), Ballade des oiseaux de croix, Ne dis rien
    • Isabelle Aubret : Il n'y a plus d'abonné au numéro que vous avez demandé, Arc-en-ciel, Pour aimer il faut être trois, C'est un no man's land
    • Brigitte Bardot : L'Appareil à sous, Bubble gum, Bonnie and Clyde, Harley Davidson, Comic strip, Je t'aime… moi non plus
    • Minouche Barelli : Boum badaboum
    • Jane Birkin :
      • En duo avec Serge Gainsbourg : Je t'aime... moi non plus, 69 année érotique, La Décadanse.
      • Comme soliste : Ex-fan des sixties, Baby alone in Babylone, Lolita go home, Ballade de Johnny-Jane.
    • Petula Clark : Ô ! Ô ! Sheriff, Les Incorruptibles, La Gadoue
    • Pia Colombo : Défense d'afficher
    • Dalida : Je préfère naturellement
    • Dani : Comme un boomerang
    • Mireille Darc : La Cavaleuse, Hélicoptère, Le Drapeau noir
    • Catherine Deneuve : Dieu est un fumeur de havanes, Souviens-toi de m'oublier
    • Diane Dufresne : Suicide
    • Marianne Faithfull : Hier ou demain
    • Charlotte Gainsbourg : Lemon incest, Elastique, Zéro pointé vers l'infini, Charlotte for ever, Don't forget to forget me, Ouvertures éclairs, Oh daddy oh, Pour ce que tu n'étais pas
    • France Gall : N'écoute pas les idoles, Laisse tomber les filles, Poupée de cire, poupée de son, Attends ou va-t'en, Nous ne sommes pas des anges, Baby Pop, Les Sucettes, Teenie Weenie Boppie
    • Juliette Gréco : Accordéon, La Javanaise, Strip-tease, Le Sixième sens, Un peu moins que tout à l'heure (Je t'aime pourtant)
    • Françoise Hardy : Comment te dire adieu, L'Anamour, L'Amour en privé, Enregistrement
    • Zizi Jeanmaire : Zizi (La Vie Zizi), Bloody Jack, Les Bleus (sont les plus beaux bijoux), Tic-tac-toe
    • Anna Karina : Sous le soleil exactement, Roller Girl
    • Valérie Lagrange : La Guérilla
    • Viktor Lazlo : Amour puissance six
    • Jo Lemaire : Je suis venue te dire que je m' en vais
    • Lisette Malidor : Y'a bon
    • Michèle Mercier : La Fille qui fait tchic-ti-tchic
    • Nana Mouskouri : Les Yeux pour pleurer
    • Nico : Strip-tease
    • Vanessa Paradis : Dis-lui toi que je t'aime, Tandem
    • Régine : Les P'tits papiers, Pourquoi un pyjama ?, Ouvre la bouche ferme les yeux
    • Catherine Sauvage : Baudelaire, ...
    • Stone : Buffalo Bill
    • Joëlle Ursul : White And Black Blues
    • Marie-Blanche Vergne : Au risque de te déplaire

       

     

    Interprètes masculins

    • À la demande d'Alain Chamfort, il lui écrit deux albums, Rock'n rose et Poses (dont le fameux Manureva) et écrit certaines chansons de l'album Amour année zéro.
    • Jacques Dutronc : Les Roses fanées (en trio avec Serge Gainsbourg et Jane Birkin), Les P'tits Papiers (en trio également avec Serge Gainsbourg et Jane Birkin).
    • Il coécrit le troisième album d'Alain Bashung, Play Blessure.
    • Il écrit les paroles de la chanson Amour Consolation de Julien Clerc (album Aime-moi en 1984)
    • Il enregistre avec son ami Eddy Mitchell Vieille canaille , mais en version big band , qui se retrouvera sur l'album de ce dernier Eddy paris Mitchell en 1986
    • Robert Farel : Les petits boudins (single, pas d'album, 1987), chanson que Gainsbourg avait écrite 20 ans plus tôt pour Dominique Walter

       

     

    Récompenses

    • 1996 : César de la meilleure musique (décerné à titre posthume) pour le film Élisa de Jean Becker (1994)

       

     

    • 1965 : Remporte le Concours Eurovision de la chanson avec le titre Poupée de cire, poupée de son interprété par France Gall qui concourt pour le… Luxembourg. Il finira aussi deuxième en 1990 avec le White and Black Blues interprété par Joëlle Ursull (France) et cinquième en 1967 avec Boum badaboum interprété par Minouche Barelli (Monte-Carlo).

       

     

    • 1959 : Grand prix de l'Académie Charles-Cros pour son premier album, Du chant à la une !... paru l'année précédente.

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  • Née en 69 av JC (approximativement)
    Décédée en 30 av JC (approximativement

    Reine d’Égypte, elle usa de son habileté politique et de son charme pour tenter de sauver son pays Cléopâtre VII est une reine d'Égypte de la famille des Lagides qui gouverne son pays entre 51 av. J-C. et 30 av. J-C., successivement avec ses frères et époux Ptolémée XIII et Ptolémée XIV puis avec le général romain Marc-Antoine. Elle est considérée comme le dernier pharaon de l'Égypte antique avant la conquête romaine. Cléopâtre est un personnage dont la légende s'est emparée, de son vivant même, et dont le tragique de la mort n'a fait que renforcer la tendance au romanesque qui entoure le personnage et qui parfois gêne l'historien dans une approche objective de cette reine d'Égypte, sans doute la femme la plus célèbre de l'Antiquité. Nous disposons de peu de sources et les principales, Plutarque, Suétone et Appien, n'évoquent Cléopâtre que pour autant qu'elle prenne place dans l'histoire romaine. C'est ainsi que nous ne savons pratiquement rien de ce qu'elle fait à Rome aux lendemains de l'assassinat de César, ni à Alexandrie durant l'absence de Marc Antoine entre 40 et 37 av. J.-C.

    De plus l'historiographie antique lui est globalement défavorable car inspirée par le vainqueur de Cléopâtre, l'empereur Auguste et son entourage dont l'intérêt est de noircir la reine afin d'en faire l'adversaire malfaisant de Rome et le mauvais génie de Marc Antoine. Ainsi ce jugement de l'historien du Ier siècle de notre ère, Flavius Josèphe : « Elle fit d'Antoine l'ennemi de sa patrie par la corruption de ses charmes amoureux ». Cela explique la prudence des historiens actuels et l'enthousiasme des cinéastes ou romanciers pour un tel personnage.

    Cléopâtre est née sans doute en 69 av. J-C probablement à Alexandrie. Elle est l'une des trois filles (connues) de Ptolémée XII Aulète, roi d'Égypte et vraisemblablement d'une concubine, puisque Strabon affirme que Ptolémée XII n'eut qu'une seule fille légitime, Bérénice IV, qui régna de 58 av. J.-C. à 55 av. J.-C

    Cette bâtardise n'est pas un handicap, Ptolémée XII lui-même est un fils illégitime de Ptolémée IX, mais elle entretient le mystère sur les origines maternelles de Cléopâtre, avec l'hypothèse d'une ascendance égyptienne. C'est l'un des facteurs, outre le fait qu'elle parle égyptien, qu'avancent certains historiens pour expliquer le curieux titre de la reine, philopatris (« qui aime sa patrie »), lequel surprend dans une dynastie qui privilégie plutôt les liens dynastiques (« qui aime son père... sa mère... sa sœur... », etc.) que l'attachement aux pays et aux peuples qu'ils gouvernent. Mais peut-être ne faut-il y voir qu'une attention plus marquée, rare chez ses prédécesseurs s'y l'on excepte Ptolémée VII, à l'Égypte indigène.

    Cleopatra VIIIl est difficile de cerner la véritable personnalité de Cléopâtre, qu'un certain romantisme a contribué à déformer, mais elle avait à l'évidence beaucoup de courage et fut suffisamment puissante pour inquiéter les Romains. Aucune source sûre ne vient nous éclairer sur son aspect physique qui échappe à un classement esthétique banal. Certaines pièces de monnaies donnent l'image d'une femme aux traits lourds et au nez assez proéminent. En revanche, on sait qu'elle avait une présence forte et du charme, qu'elle dégageait une puissante séduction et que tout cela était complété par une voix ensorcelante ainsi qu'un esprit brillant et cultivé.



    En effet alors que l'éducation des filles, même de familles royales, est négligée dans le monde grec ou hellénistique, Cléopâtre bénéficie apparemment de l'enseignement de pédagogues cultivés qui, sur un esprit intelligent, donne d'excellents résultats. C'est ainsi que Cléopâtre est une véritable reine polyglotte et parle, outre le grec, l'araméen, l'éthiopien, le mède, l'arabe, sans doute aussi l'hébreu et la langue des Troglodytes, un peuple vivant aux abords de la mer Rouge. De tels dons ne durent pas la laisser non plus longtemps démunie face au latin encore que des Romains aussi cultivés que César parlaient un grec parfait.

    Nous ignorons tout de son enfance et de ses années d'adolescence. Tout au plus pouvons nous imaginer qu'elle dut observer les évènements du règne chaotique de son père avec une grande acuité. La puissance de Rome, qui intervient militairement pour rétablir Ptolémée XII en 55 av. J.-C. renversée par sa fille aînée Bérénice IV trois ans plus tôt, est certainement un élément compris et assimilé par la jeune Cléopâtre. Les tribulations du règne précédent apprennent aussi à la future reine à utiliser tous les moyens pour se débarrasser de ses adversaires ou de ceux qui gênent ses projets comme son jeune frère Ptolémée XIV en 44 av. J.-C. Elle imite en cela l'exemple paternel, Ptolémée XII n'ayant pas hésité à faire exécuter sa fille Bérénice IV en reprenant le pouvoir en 55 av. J.-C.

    Le testament du roi Ptolémée XII, mort en 51 av. J.-C., désigne comme ses successeurs Cléopâtre et un frère cadet de celle-ci, Ptolémée XIII, d'une quinzaine d'années environ, à qui elle est nominalement mariée car selon la coutume ptolémaïque, elle ne peut régner seule. Rien ne prouve que Cléopâtre ait voulu exercer la totalité du pouvoir à l'époque, en tout cas les titulatures de cette période lui accordent toujours la seconde place.

    A l'automne 49 av. J.-C. les relations se dégradent entre les deux souverains. Les causes de cette rupture sont ignorées. Toujours est-il qu'à partir de cette date le nom de la reine figure dans les textes officiels avant celui de Ptolémée XIII. En fait c'est une véritable guerre qui éclate entre les deux monarques puisqu'à l'été 48 av. J.-C. ils se font face à Péluse. Il semble que Cléopâtre se trouve en difficulté car elle doit fuir en Syrie puis à Ascalon où elle trouve de l'aide.

    C'est alors qu'intervient la puissance romaine. En effet Pompée, vaincu par Jules César à Pharsale au début du mois de Juin 48 av. J.-C., tente de trouver refuge en Egypte. Le jeune roi Ptolémée XIII et ses conseillers jugent sa cause perdue et pensent s'attirer les bonnes grâces du vainqueur en le faisant assassiner, dès qu'il pose pied sur le sol égyptien le 28 juillet 48 av. J.-C., sous les yeux de son entourage. César, qui débarque deux jours plus tard, est semble t-il furieux de ce lâche forfait et n'éprouve pour le pharaon que mépris.

    Cependant il reste en Egypte pour des raisons privées peu glorieuses, bien qu'il évoque les vents contraires pour différer son retour. En effet il tente d'obtenir le remboursement de dettes que Ptolémée XII avait contractées auprès d'un banquier romain et qu'il a reprise à son compte. Il juge pour cela indispensable de réconcilier le couple royal et tente à s'y employer à la fin de l'année 48 av. J.-C.. Les deux souverains sont convoqués au palais royal d'Alexandrie. Ptolémée XIII s'y rend après diverses tergiversations ainsi que Cléopâtre. C'est à ce moment que se déroule, s'il est authentique, l'épisode du tapis dans lequel la reine se serait fait enroulée afin de parvenir auprès de César. Celui-ci tente d'imposer le statu quo ante c’est-à-dire le retour au testament de Ptolémée XII ce qu'accepte semble t-il Cléopâtre mais pas son frère guère impressionné par les faibles effectifs de César (environ 7000 hommes). Celui-ci se retrouve même prisonnier dans Alexandrie à la fin de 48 av. J.-C. sans renforts. Seule la noyade accidentelle de Ptolémée XIII dans le Nil le 15 janvier 47 av. J.-C. met fin au conflit.

    Cléopâtre épouse alors un autre de ses frères cadets, Ptolémée XIV sur l'injonction de César. Cependant elle est la seule à détenir réellement le pouvoir et le protocole enregistre cette prépondérance en plaçant le nom de la reine en tête des actes officiels. Sa liaison avec César n'est un mystère pour personne. Ce dernier cependant doit bientôt quitter Alexandrie pour combattre le roi du Pont, Pharnace, puis les derniers partisans de Pompée en Afrique. De retour à Rome il convoque les souverains lagides en 46 av. J.-C. Les raisons de cette convocation sont imprécises. César, lui-même marié, souhaite-t-il retrouver sa maîtresse qu'il loge dans sa propriété de la rive droite du Tibre ? Veut-il impressionner par l'éclat des quatre triomphes qu'il célèbre durant l'été 46 av. J.-C. ? A-t-il comme objectif de montrer ce qu'il en coûte de se révolter contre Rome en faisant figurer dans son triomphe la sœur de Cléopâtre et de Ptolémée XIV, Arsinoé, qui s'était fait reconnaître reine par les troupes de Ptolémée XIII ? Difficile de trancher pour une hypothèse plutôt qu'une autre. On connaît peu de chose sur ce séjour de deux ans à Rome et le seul geste officiel de César en sa faveur est de faire placer une statue dorée de la reine dans le sanctuaire de Vénus Genetrix ancêtre mythique de la gens Iulia dont il est issu

    .

    Au moment où elle se prépare à rentrer sur Alexandrie, au début de l'année 44 av. J.-C. César est assassiné. Elle quitte alors Rome à la mi-avril fait escale en Grèce, où elle accouche d'un garçon nommé César (en général le nom de Césarion est utilisé pour le distinguer de son glorieux géniteur), puis fait voile vers Alexandrie où elle arrive en juillet 44 av. J.C. Elle profite de la situation confuse qui suit la mort de César pour rétablir l'autorité de l'Egypte sur Chypre, qui avait été cédé à Rome par Ptolémée XII en 59 av. J.-C.

    A peine de retour dans son pays elle fait assassiner Ptolémée XIV, à la fois monarque inutile et rival potentiel. La naissance de son fils lui assure un successeur éventuel et elle prend donc seule le titre de reine. Cléopâtre, enfin seule souveraine d'Égypte, même si c'est au nom de son fils, est confrontée à des années difficiles. En 43 av. J.-C. une famine s'abat sur son pays, puis la crue du Nil fait défaut deux années consécutives (41 av. J.-C./42 av. J.-C.). Il semble que la reine se soit préoccupée essentiellement de l'approvisionnement de sa capitale, qui est le vrai centre de son pouvoir et prompt à se rebeller. De plus il lui faut compter avec les quatre légions romaines installées par son défunt amant qui se livrent à des exactions jusqu'à leur départ en 43 av. J.-C..

    La guerre que se livrent les assassins de César, Cassius et Brutus et ses héritiers, Octave et Marc Antoine, oblige la reine à des contorsions diplomatiques. En effet Brutus tient la Grèce ainsi que l'Asie Mineure tandis que Cassius s'installe en Syrie. Le gouverneur de Cléopâtre à Chypre, Sérapion, aide donc Cassius avec sans aucun doute l'assentiment de la reine quels que soit les sentiments que lui inspire l'un des assassins de César. Sérapion sera officiellement désavoué plus tard. Dans le même temps Cléopâtre envoie une flotte aux partisans de César, qui reconnaissent Césarion pour roi. Cette flotte est victime d'une tempête au large de la Libye mais le geste place la reine dans le camp des vainqueurs quand en 42 av. J.-C. les républicains sont écrasés à Philippes.

    Nous ignorons depuis quand Cléopâtre, âgée de 29 ans en 41 av. J.-C. et le général romain, qui a une quarantaine d'années, se connaissent. Nous savons que Marc Antoine était l'un des officiers qui avaient participé au rétablissement de Ptolémée XII en 55 av. J.-C. mais il est peu probable qu'ils se soient fréquentés, Cléopâtre n'ayant à l'époque qu'une quinzaine d'années. Il est plus vraisemblable qu'ils se soient fréquentés lors du séjour à Rome de la reine. Pourtant lors de leur rencontre en 41 av.J.-C. ils semblent assez mal se connaître.

    Dans le partage du monde romain intervenu après l'écrasement des républicains, l'orient est dévolu à Antoine. Il reprend alors le projet de César avant sa mort, c'est-à-dire une grande expédition contre les Parthes. Pour cela il convoque les souverains des royaumes clients à Tarse, en Cilicie, y compris la reine d'Égypte. Celle-ci connaît au moins un des défauts de l'officier, sa vanité et son amour du faste, aussi arrive-t-elle dans un navire à la poupe dorée et aux voiles pourpres, siégeant sous un dais d'or entourée d'un équipage déguisé en Nymphes, Néréides et Amours. Puis elle invite Marc Antoine à son bord pour un somptueux banquet. Commence alors une liaison de dix ans, sans doute l'une des plus célèbres de l'Histoire.

    Dans un premier temps Marc Antoine suit Cléopâtre à Alexandrie où il passe l'hiver 41 av. J.-C./40 av. J.-C. laissant son armée. C'est à ce moment qu'une vaste offensive des Parthes leur permet de s'emparer de la Syrie, du sud de l'Asie Mineure, et de la Cilicie. Antigone, un prince de la famille des Asmonéens, hostile aux Romains est installé sur le trône de Jérusalem. Marc Antoine mène une courte contre-offensive depuis Tyr puis est obligé de rentrer à Rome (été 40 av. J.-C.) où s'affrontent ses partisans et ceux d'Octave. Il conclut avec ce dernier la paix de Brindes en octobre 40 av. J.-C. et épouse sa sœur, Octavie. Pendant ce temps à Alexandrie Cléopâtre accouche de jumeaux, un garçon Alexandre Hélios et une fille Cléopâtre Séléné.

    La séparation dure trois ans, du printemps 40 av. J.-C. à l'automne 37 av. J.-C. et nous ne savons rien ou presque de l'action de la reine durant cette période. Au retour d'Antoine, les deux amants se retrouvent à Antioche à l'automne 37 av. J.-C., celui-ci entame une politique nouvelle. Alors que ses officiers et ses alliés ont chassé les Parthes il substitue là ou c'est possible des États clients, qui lui sont fidèles, à une administration directe de Rome. C'est ainsi qu'Hérode devient roi de Judée avec l'appui direct d'Antoine. C'est un phénomène identique qui se déroule en Galatie, dans le Pont et en Cappadoce. Cléopâtre en tire un bénéfice immédiat puisqu'elle se voit confirmer la possession de Chypre, qui est en fait effective depuis 44 av. J.-C., mais aussi de villes de la côte syrienne, du royaume de Chalcis, au Liban actuel, et de la côte cilicienne. Elle reconstitue ainsi une partie de la thalassocratie des premiers rois lagides

    .

    En 37 av. J.-C./36 av. J.-C. Marc Antoine entame une campagne contre les Parthes qui tourne au désastre en grande partie causé par un hiver rigoureux dans les montagnes d'Arménie et du nord-ouest de l'Iran actuel. Antoine lui-même en réchappe de peu. Cléopâtre est restée à Alexandrie pour accoucher d'un troisième enfant du couple, Ptolémée Philadelphe. Après 37 av. J.-C., on commence à voir à Rome dans l'alliance entre Antoine et Cléopâtre une menace contre l'Empire et contre Octave. Celui-ci envoie sa sœur Octavie, la femme légitime d'Antoine et la mère de ses deux filles Antonia l'Aînée (la future grand-mère de Néron) et Antonia la jeune (future mère de Germanicus et de Claude) au début du printemps 35 av. J.-C. rejoindre son mari. Antoine ordonne à sa femme, lorsque celle-ci parvient à Athènes, de rebrousser chemin. Octavie, sans montrer extérieurement le moindre signe de contrariété ordonne aux troupes qui l'accompagnent, des renforts de son frère pour son époux, de poursuivre leur chemin vers Alexandrie.

    Antoine projette en effet de faire oublier son échec militaire de 36 av. J.-C. et lance en 35 av. J.-C. une seconde expédition plus chanceuse. L'Arménie, la Médie font acte d'allégeance et Antoine célèbre un triomphe, non à Rome, mais à Alexandrie où Cléopâtre et ses enfants sont associés. Un peu plus tard Césarion est proclamé roi des rois, Alexandre Hélios reçoit en partage l'Arménie et les terres au delà de l'Euphrate, Ptolémée quant à lui se voit confier, nominativement bien sur car il a environ 2 ans, la Syrie et l'Asie Mineure. Enfin Cléopâtre Séléné se retrouve à la tête de la Cyrénaïque. Il semble que le caractère hasardeux et chimériques de ces projets grandioses et irréalistes, une partie non négligeable de ces royaumes ne sont pas réellement sous le contrôle réel de Marc Antoine, n'échappe pas à Cléopâtre qui se contente plus prosaïquement de réclamer à son amant, en vain, la Judée.

    Les relations avec Octave s'enveniment de nouveau en 32 av. J.-C. et poussent à l'affrontement. Nul doute qu'Octave craint Marc Antoine et sa popularité, encore forte au sénat, mais le triomphe d'Antoine en 35 av. J.-C. et la désignation de Ptolémée XV/Césarion comme roi des rois lui font envisager un danger plus vaste encore. Après tout ce jeune homme est le seul fils de César et il pourrait un jour lui venir l'idée, si les circonstances s'y prêtent, de venir réclamer son héritage paternel. Aussi Octave va s'employer à dénigrer Marc Antoine par tous les moyens et surtout Cléopâtre, l'Égyptienne, celle qui le tient sous ses charmes et qui l'oblige à des abandons qu'Octave estime désastreux pour Rome. La plupart de ces accusations sont de mauvaise foi et de la propagande auprès de l'opinion publique romaine mais sont aussi pour beaucoup à l'origine de la « légende noire » de Cléopâtre chez beaucoup d'auteurs antiques.

    La guerre voit l'Égypte fournir une part importante de l'effort de guerre, plus de 200 trières, ainsi que les royaumes alliés, à l'exception notable de l'habile Hérode qui visiblement fait le pari d'une victoire d'Octave. Il est vrai que c'est son intérêt car il sait que la reine d'Égypte lorgne sur son royaume depuis fort longtemps. Mais Marc Antoine mène la guerre en dépit du bon sens, sans énergie et alors qu'Octave peine à constituer son armée il lui laisse le temps de s'organiser. Octave n'est guère un grand chef de guerre mais il compte avec Agrippa un officier compétent qui lui donne rapidement l'avantage. Lorsque éclate la bataille navale d'Actium (septembre 31 av. J.-C.), Cléopâtre comprend rapidement l'issue finale de la guerre et rompt le combat avec sa flotte. Cette fuite, seul moyen de sauver ce qui peut l'être, est évidement exploitée par Octave auprès des officiers et des hommes d'Antoine dont beaucoup changent d'allégeance.

    Les derniers mois sont assez mal connus. Antoine retourne en Égypte et ne prend pratiquement aucune mesure pour lutter contre l'avancée de plus en plus triomphale d'Octave. Il consume ses forces en banquets, beuveries et fêtes somptueuses sans se soucier de la situation. Que fait Cléopâtre? Les sources manquent. Certaines affirment qu'elle cherche à séduire Octave. L'anecdote est-elle crédible, difficile à dire. Il est probable que les charmes de la reine approchant de la quarantaine et après au moins quatre maternités avaient faiblis. Il semble qu'elle ait surtout cherché à mettre Césarion à l'abri en l'expédiant à Méroé, au Soudan.

    Vers août 30 av. J.-C. Octave arrive à Alexandrie. À la fausse annonce du suicide de Cléopâtre, Marc-Antoine met fin à ses jours en se jetant sur son épée. Mourant il est transporté par Cléopâtre dans son propre tombeau. Celle-ci est conduite devant Octave qui la laisse se retirer avec ses servantes. Cette attitude est curieuse de la part du futur Auguste car il semble ne prendre aucune précaution pour prévenir un suicide de la reine dont il a pourtant besoin pour figurer à son triomphe. Craint-il qu'à l'instar de sa sœur Arsinoé, figurant au triomphe de Jules César en 46 av. J.-C., elle n'inspire aux Romains que compassion plutôt que haine. Il n'est pas impossible qu'Octave ait espéré le suicide de Cléopâtre, qui pouvait passer pour une lâcheté supplémentaire accréditant la thèse défendue par sa propre propagande.

    Cléopâtre se donne la mort, selon Plutarque dans sa Vie d'Antoine, en se faisant porter un panier de figues contenant deux aspics venimeux. Si Césarion est exécuté sur ordre d'Octave les trois autres enfants d'Antoine et Cléopâtre sont emmenés à Rome et élevés par Octavie, restée fidèle à la mémoire de son mari

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