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    C’est le 28 octobre 1944, à Paris, que Michel Colucci voit le jour au sein d’une famille originaire du nord de l’Italie. Une mère fleuriste et un père peintre en bâtiment. Malheureusement ce dernier décède en 1947 et laisse son épouse Simone élever seule ses deux enfants avec son maigre salaire. Michel traîne sa jeunesse en banlieue sud où, avec ses copains, il prend goût à la musique. Le garçon fabrique d’ailleurs sa propre guitare au son très approximatif et tellement lourde qu’il ne peut la soulever seul. Les études ne le passionnent pas et ne le mènent guère plus loin que le Certificat d'études primaires qu'il décroche en juin 1958. Il niera même l'avoir obtenu d’un « je ne voulais pas posséder un truc primaire ». Mais les responsabilités frappent à la porte. Michel touche à toutes les professions (14 au total parmi lesquelles télégraphe, photographe, garçon de café, fleuriste ou marchand de légumes).

    C’est finalement à l’usine qu’il se pose en tant que manutentionnaire après un court passage sous les drapeaux, ponctué par une exclusion pour indiscipline. Lorsqu’il ne travaille pas, il apprend la guitare et le chant du côté de la Contrescarpe et décide un jour de se lancer dans la carrière d’artiste qui le fait rêver. Sur l’Île de la Cité, « Le vieux bistrot » accueille ses premiers accords musicaux. Puis, il est pris dans le cabaret « Chez Bernadette » pour faire la vaisselle et y user ses cordes vocales. En ce lieu naît un patronyme pour l’éternité : Coluche.

    Un soir, l’acteur Romain Bouteille vient à passer et repart avec ce jeune talent de 23 ans sous le bras. Il l’emmène dans son célèbre « Café de la gare » aménagé par ses soins. S’y escrimeront notamment Patrick Dewaere et Sylvette Herry, alias Miou-Miou. Les spectateurs paient leur entrée selon une loterie qui leur permet de payer de 0 à 30 francs. Deux entractes ont lieu où les comédiens font le service. Le public est conquis. Coluche fonde avec des amis la troupe « Le vrai chic parisien ». En 4 ans, il joue avec succès « Thérèse est triste » et « Ginette Lacaze » avant que Dick Rivers n’impose lui-même cette jeune bande en première partie de
    son Rock'n Roll Show à l'Olympia. La troupe joue également « Introduction à l'esthétique fondamentale » avant que Coluche ne la quitte. « J’ai eu deux coups de pot dans ma vie : être découvert par Bouteille et être viré par Bouteille » avouait-il quelques mois après. Nous sommes en 1974 et tout le monde se rend compte que le jeune trublion peut faire rire seul.

    Tout s’enchaîne alors très vite pour lui. Il apparaît au cinéma dans des petits rôles comme dans « Le grand bazar ». Aperçu dans plusieurs publicités, il enregistre la bande son de son premier one-man-show « Mes adieux au music-hall » avec lequel il remplit le Caf’Conc, inauguré pour l’occasion, non loin des Champs-Elysées. C’est ici qu’apparaissent pour la première fois la mythique salopette rayée bleu et blanche et les inoubliables brodequins jaunes qui feront ce personnage inoubliable dans la carrière de l’artiste. Sous contrat avec Paul Lederman et Claude Martinez, Coluche entreprend des tournées à travers la France, la Suisse, la Belgique, à guichets fermés et participe abondamment aux plateaux des émissions de variétés télévisées.

    En février 1975, Coluche revient à l’Olympia. Mais cette fois, c’est son nom qui s’étale en grand. Le « Schmilblick » est le tube de l’été et plus d’un million de 45 tours se vendent à travers le pays. Amoureux des femmes, Coluche cède cependant aux sirènes du mariage et épouse en octobre la seule qui lui fasse tourner la tête, Véronique, avec qui il aura deux enfants. Un mois plus tard, il est de nouveau sur les planches. Bobino a les yeux de Chimène pour lui et les critiques sont cette fois unanimes devant ce comédien aux gants de boxe qui conclut son spectacle par une interprétation du « temps des cerises » sur une pochette.

    Coluche devient incontournable. En 1976, Patrice Leconte lui offre un rôle dans son premier long métrage au succès mitigé « Les vécés étaient fermés de l’intérieur » dont certaines critiques peu élogieuses diront que les cinémas l’étaient aussi. Mais c’est surtout sa production suivante qui sera retenue. Il œuvre auprès du maître Louis de Funès dans « L’aile ou la cuisse » et laisse une première empreinte cinématographique marquante. « Il possède un talent explosif. Je n'aime jouer qu'avec les grands et Coluche est un grand » dira de Funès par la suite. Ce à quoi Coluche répliquera: « Travailler avec de Funès, ça me fait la même impression que si j'allais tourner avec Chaplin. Il est une école à lui tout seul. » L’année suivante, il se lance dans la réalisation et sort « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine ». Mais un an plus tard, Coluche revient à ses premiers amours et prend possession de la scène du théâtre du Gymnase-Marie-Bell pour 18 mois le tout à guichet fermé, jusqu’en février 1981.

    La radio lui ouvre également son antenne dès 1978. Europe 1 lui offre la tranche 15h30-16h avec l’émission « On n’est pas là pour se faire engueuler » qui fera un carton pendant un an et demi avant que son animateur vedette ne reparte en tournée. Le touche-à-tout ne fera qu’un court passage à RMC en février 1980, renvoyé au bout de quinze jours, officiellement pour incompatibilité d’humeur, officieusement pour avoir cité le Canard Enchaîné sur l’affaire des diamants de Bokassa, déplaisant à l’entourage du Président Giscard. Mais politiquement parlant, le personnage à d’autres desseins. Toujours en 1980, il avoue à un journaliste son désir de se présenter comme candidat aux présidentielles, mais il pense que les autorités ne le laisseront pas faire. « Personne ne m'attend au tournant vu qu'on sait pas où je vais tourner. » L’idée dans un coin de sa tête, Coluche rôde son nouveau spectacle dans son fidèle Café de la Gare avant de partir tourner « L’Inspecteur La Bavure ». Ce n’est qu’en novembre de la même année qu’il donne vie à ses pensées. Il se déclare officiellement candidat à l’élection présidentielle de 1981.

    Son appel au vote reste célèbre : « j’appelle tous ceux qui ne comptent pas pour les hommes politiques à voter pour moi, à s’inscrire dans les mairies et à colporter la nouvelle. Tous ensemble pour leur foutre au cul. » Pour lui, l’ensemble des minorités forment la majorité. Sous sa bannière « bleu-blanc-merde », Coluche grimpe dans les sondages au prix d’une campagne rocambolesque dans les colonnes de Hari-Kiri. Crédité jusqu’à 16% des intentions de vote, le « clown » dérange la classe politique. Persona non grata, il se lance dans une grève de la faim pour lutter contre la fermeture des espaces d’expression après une conférence de presse au plat de spaghetti. Le 7 avril, il doit capituler et abandonner son ambition.

    Huit mois plus tard, il divorce et prend du recul en s’installant dans les Caraïbes. En 1982, entre les tournages de « Deux heures moins le quart avant Jésus Christ », « Le maître d’école » et « Banzaï », il participe masqué à l’émission de Michel Polac dont le sujet est « Faut-il se débarrasser de Coluche ? ». L’annonce du suicide de son grand ami Patrick Dewaere est un choc tout comme la mort du dessinateur Jean-Marc Reiser. Coluche se fait plus rare. Il participe aux tournages de « La femme de mon pote » et « Le roi Dagobert » en 1983, « La vengeance du serpent à plume » et « Le fou de guerre » en 1984. Mais c’est surtout sa magistrale interprétation dans « Tchao Pantin » qui marque les esprits. Le César du meilleur acteur récompense cette performance de haut vol.

    L’époque de la convalescence passe doucement et le trublion refait son apparition sur le devant de la scène. En mai 1985, l’émission de Patrick Sabatier « Le jeu de la vérité » qui lui est consacré est un incroyable succès en terme d’audimat. Coluche était décidé à ne faire l’impasse sur aucune question. Puis il revient à Europe 1 pour animer « Y’en aura pour tout le monde » avec Maryse. Coluche est bel et bien de retour !
    En septembre, il participe à un gigantesque canular en épousant Thierry Le Luron « pour le meilleur et pour le rire » avant de partir battre le record du monde de vitesse à moto, sa grande passion. En Italie, il est le premier homme au monde à atteindre 252.087 km/h sur deux roues. La toute jeune Canal + lui fait ensuite des avances, qu’il accepte en animant quotidiennement l’émission « Coluche 1-faux ».

    En 1986, une idée lumineuse lui traverse l’esprit. Depuis l’antenne d’Europe 1, Coluche lance un appel, passé à la postérité, aux plus démunis : « Moi je file un rencard à ceux qui n’ont plus rien … » car pour lui et la troupe d’Enfoirés qu’il s’apprête à créer « aujourd’hui, on n’a plus le droit, ni d’avoir faim, ni d’avoir froid ». Homme de cœur, il lance ses Restos du même nom, chargés de collecter des denrées alimentaires pour les gens dans le besoin. Le 26 janvier, sur la première chaîne, sa grand’messe permet de récolter près de 26 millions de francs dans ce but. Le personnage multiplie les apparitions fantasques, qu’il soit interviewé au fond d’une piscine par Michel Denisot ou qu’il débarque au festival de Cannes déguisé en « France Moche » pastiche de la chroniqueuse France Roche.

    Le 19 juin 1986, Michel Colucci prend sa moto pour rejoindre Cannes depuis Opio où il s’est installé. Sans motif apparent, un poids lourd stoppe net devant lui. La lumière s’éteint sous ce « Putain de camion » - comme le chantera Renaud deux ans plus tard. Aujourd’hui encore, Coluche est plus qu’un comique, un homme engagé, dont les mots résonnent encore dans nos têtes vingt ans après sa disparition.


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