• Les Rescapés de la Pelée -

     

    Le 8 mai 1902, une nuée ardente échappée du cratère a détruit complètement la ville de Saint-Pierre faisant environ 29 000 morts. Il y eut deux survivants, Louis-Auguste Cyparis, un prisonnier sauvé par l'épaisseur des murs de son cachot, et Léon Compère-Léandre, un cordonnier qui vivait à la périphérie de la ville. D'autres sources citent Havivra Da Ifrile, une petite fille.
    Aujourd'hui reconstruite, Saint-Pierre est une petite cité de 5 000 habitants. Avant l'éruption, la ville était la capitale commerciale de la Martinique.

     

    Cachot de Cyparis

    <span-headline></span-headline><span-headline></span-headline>Léon Compère-Léandre

    Léon Compère-Léandre (1874-1936) était un cordonnier à Saint-Pierre en Martinique lorsque la Montagne Pelée entra en éruption le 8 mai 1902, il était le descendant d’un condamné, déporté de France. Il avait 28 ans. Il était très superstitieux et il croyait au diable. Il pensait que les fumerolles qui sortaient de la Montagne Pelée étaient les fumées de l’enfer. C’est pourquoi depuis plusieurs jours déjà, il s’était réfugié dans son échoppe de cordonnier située dans un sous-sol, au-dessous de la place Bertin. Là, il était isolé du monde extérieur par une porte qu’il avait sérieusement consolidée. Terré dans son sous-sol, la maison du cordonnier fut entièrement détruite jusqu’au rez-de-chaussée. Léon Compère Léandre a ainsi survécu à l’éruption, mais il fut brûlé aux bras, aux jambes et à la poitrine. Il mourut célibataire 34 ans plus tard.

    En fait, on sait peu de chose sur Léon Compère-Léandre, depuis qu'il s'est retiré de la vue du public après le désastre. Certains disent qu'il a survécu grâce à un bâtiment aux murs épais, mais d'autres disent qu'il s'était enfui et échappa à la coulée pyroclastique (la dernière version semble peu probable). Certains disent que Léon Compère-Léandre était européen, d'autre qu'il était métis.

    Sa description du matin du 8 mai 1902.

    « J'ai senti souffler un vent terrible, la terre commençait à trembler et le ciel devint soudainement noir. Je retournai dans ma maison, montai avec de grandes difficultés les trois ou quatre marches qui me séparaient de celle-ci, et sentis mes bras et mes jambes me bruler, et tout mon corps. Je me suis laissé tomber sur une table. À ce moment, quatre autres personnes sont venues se réfugier chez moi, criant et hurlant de douleur, leurs habits ne paraissaient pas avoir été touchés par des flammes. Au bout de 10 minutes, la petite Delavaud, âgée de environ 10 ans, semblait morte ; les autres vivants. Je me suis levé et je suis allé dans une autre pièce, où j'ai trouvé le père Delavaud, toujours habillé et allongé sur le lit, mort. Il était violet et gonflé mais ses vêtements étaient toujours intacts. Fou et presque évanoui, je me suis jeté sur un lit, inerte et attendant la mort. Mes sens me sont revenus peut-être 1 h après, quand j'ai vu le toit bruler. Avec la force de vie suffisante, mes jambes saignantes et couvertes de brulures, j'ai couru à Fonds-Saint-Denis, à six kilomètres de Saint-Pierre. »

       

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    <span-headline></span-headline><span-headline></span-headline>Louis-Auguste Cyparis 

    <a-auguste_cyparis title="Louis-Auguste_Cyparis-Auguste_Cyparis"></a-auguste_cyparis><a-auguste_cyparis></a-auguste_cyparis>

     

     

    Louis-Auguste Cyparis, ou Ludger Sylbaris, était un prisonnier de la prison de Saint-Pierre. C'est un survivant de l'éruption du 8 mai 1902 de la Montagne Pelée en Martinique.

    Au moment de l'éruption, Cyparis, un ouvrier de 27 ans, était enfermé seul dans une cellule de la prison pour avoir participé à une bagarre dans un bar, condamné au cachot pour état d’ivresse selon certains, condamné à mort selon d’autres; il croupissait dans le bagne militaire de Saint-Pierre Sa cellule n'avait pas de fenêtre, ventilée par une simple ouverture sur la face opposée au volcan. Le mercredi 7 mai à midi, la direction de la prison lui annonçait, qu’après examen de son dossier, il allait être libéré… Mais après l’annonce, Auguste Cyparis fut maintenu au secret dans sa cellule ce qui le sauva, 20 heures plus tard, d’une mort certaine et fit de lui le seul rescapé de la prison.

     Blotti dans sa cellule, il chantait et priait pour éloigner les grondements du volcan. Au moment du drame, il protégeait son visage de sa chemise mouillée d’urine, la tête enfoncée dans les genoux. Il resta trois jours, le corps brûlé à vif dans sa cellule avant d’être retrouvé.

     Quatre jours plus tard, une équipe de secours entendit ses plaintes et le délivra. Bien qu'horriblement brûlé, il survécut et put décrire l'évènement. Selon lui, l'éruption eut lieu à l'heure du petit-déjeuner, ce jour-là, il faisait alors très sombre. De l'air chaud se mélangeait aux fines cendres. Un moment d'intense chaleur a duré très peu de temps, mais assez pour brûler profondément ses mains, ses bras, ses jambes et son dos, mais ses vêtements ne prirent pas feu et il ne respira pas l'air brûlant.

    Risquant la peine de mort pour meurtre, il fut pardonné et rejoignit le cirque “Barnum & Bailey's”, traversa l'Amérique et, racontant les horreurs de l'éruption, devint célèbre comme « l'homme qui a vécu le jour du jugement dernier » ou « l'homme le plus merveilleux au monde ». En tant qu'élément du « plus grand spectacle au monde » de Barnum and Bailey's, il fut le premier noir célèbre dans le show-biz durant la ségrégation. Il mourut en 1929.

     

       Il y aurait eu, à part ces deux survivants, une autre miraculée : Havivra Da Ifrile, une petite fille.

    Le Cyparis Express à St-Pierre

     

    Le quatrième être,  vivant toujours, qui survécut à cette terrible catastrophe fut un…. arbre. Un fromager. Un très grand arbre, à bois blanc et tendre, dont les fruits fournissent le kapok.

     


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  • Eruption de la Montagne Pelée

     

    Dès février, la montagne Pelée exhale du H2S, un gaz qui sent l’œuf pourri, fait tousser les gens et noircit l’argenterie. Gaston Landes, professeur de sciences naturelles au lycée de Saint-Pierre s’étonne de voir sortir des fumerolles de l’Étang sec et du lac des Palmistes.

    Le 23 avril 1902 on pouvait voir un étrange panache blanc et noir sous l’écharpe de nuage de la montagne, ce sont des vapeurs éruptives. La montagne tremble et fait tomber la vaisselle des armoires.

    Le 24 avril quelques Pierrotins sont intrigués par le curieux bonnet de vapeurs blanches et noires qui coiffe le volcan. Le volcan tremble et un peu de cendres tombent sur le Prêcheur, une commune au Nord de Saint-Pierre. Des pierres s’échappent du volcan. De ses flancs une fumée émane, haute de près d’un kilomètre. L’éruption passe en phase phréatique : le magma est arrivé au contact des nappes d’eau qu’il vaporise bruyamment. A 22 heures le même jour, les assiettes tombent des armoires. C’est un séisme peu important, juste deux secousses. Les élections législatives battent leur plein, les candidats s’accusent de fraude, de meurtre et de comportements racistes. Le premier tour a lieu le dimanche 27 avril. Fernand Clerc, du parti républicain progressiste devance de peu Louis Percin, du parti radical-socialiste. Ballottage. Il faut un second tour le 11 mai pour désigner le vainqueur. Lors de la balade dominicale sur le volcan on se rend compte que l’Étang sec est devenu un lac, noirci par une couche de cendres, et qu’il y a des émanations de gaz qui noircissent les boutons d’argent (toujours le fameux H2S).

    Puis tout semble se calmer...

    Cependant, le vendredi 2, un gros nuage noir envahit le ciel et masque le soleil; la respiration devient pénible. L’air est brûlant. La cendre tombe si dur qu’on l’entend frapper le sol. A 11 heures l ’éruption se calme. La mer est grise, les cacaoyers et les cocotiers ploient sous la cendre. Des colonnes de fumées s’échappent des flancs du volcan et voilent  le Prêcheur. La nuit, il « neige » des cendres sur Saint-Pierre. Les oiseaux et les serpents désertent la ville. Dans les églises les pères reconnaissent leurs bâtards, les prostituées se marient et les infidèles se font baptiser.

    Le 3 mai, le gouverneur Mouttet visite Saint-Pierre et ses environs, rassure les sinistrés et la population et avertit Paris de l’état des lieux.

    Dans la nuit du 4 au 5, la montagne lance des éclairs bleus : la lave, parvenue tout près de la surface, émet des gaz magnétiques. Les oiseaux ne volent plus et tombent morts. La rivière Blanche se gonfle en pleine saison sèche. Le matin, l’eau est boueuse, rouge et puante, elle laisse échapper des jets de fumée. Vers 10 heures, elle inonde la route du prêcheur. Les nappes phréatiques remontent et les vapeurs de magma s’y condensent. A midi, une coulée de boue et de rocs, haute de 50 mètres et large de 100, dévale la rivière Blanche à la vitesse de 120 à 160 kilomètres à l’heure. C'est un « lahar ». L'usine Guérin et tous ses occupants sont emportés. Deux autres coulées suivront, la dernière faisant reculer la mer de 150 mètres du rivage. Gaston Landes observe une brèche sur la montagne, à l’aplomb de la rivière Blanche. Le bourrelet rocheux qui fermait l’Étang sec a sauté. Le lac s’est vidé dans la rivière. A Saint-Pierre on assiste à des raz-de-marée qui firent 25 victimes. Mais les Pierrotins ne fuient pas en masse, les autorités se veulent rassurantes. Le gouverneur Mouttet revient; M Fouché, le maire, lance des appels au calme. Dans la nuit le magma tente de s’échapper par les fissures de la roche, des gaz bleus en sortent.

    La journée du 6 est presque calme.

    Le mercredi 7 mai, la montagne crache des laves et des blocs incandescents dans des colonnes de fumées à la base rougeoyante. L’éruption est phase magmatique. La nuit toutes les rivières de la pelée sont en crue. On ne voit pas à un mètre. La cendre a fait exploser un générateur d’électricité. La mer charrie des arbres, des pierres ponces et des animaux morts, emportés par les flots en furie. La montagne rugit et gargouille. A 10 heures, le maire demande au gouverneur de réunir une commission scientifique. A 11 heures 45, un nuage blanchâtre dont la base est jaune et le sommet boursouflé en forme de chou-fleur fuse de la montagne très, très haut; c’est une nuée ardente,phénomène encore inconnu, qui dévale la montagne et bifurque vers la mer en évitant Saint-Pierre. Vers 14 heures, de violentes détonations agitent l’air fétide. A 15  heures, un petit raz-de-marée envahit la place bertin. Les Pierrotins ne sont pas au courant que Saint-Vincent vient d’être dévasté par l’éruption de la Soufrière faisant 1565 morts. Le câble reliant les îles s’est rompu. Mouttet refait le voyage pour Saint-Pierre et réunit la commission. A 19 heures un communiqué est affiché : « Tous les phénomènes actuels n’ont rien d’anormal. La sécurité de Saint-Pierre reste entière. ». Dans la nuit, un puissant orage arrose Saint-Pierre. Quatre cents villageois du Prêcheur meurent sous une nouvelle coulée de boue.

    Le matin du 8, il n’y a presque plus de cendre à cause de la pluie. Il fait beau. Vers 6 heures, le volcan crache d’énormes fumées noires et compactes qui couvrent de cendres le port et les bateaux. Peu avant 8  heures, la montagne explose. L’onde de choc éviscère et pulvérise les premières victimes. Une nuée ardente dévale à près de 500 kilomètres à l’heure et arrive sur la ville. Sa température dépasse les 800°C, ce qui provoque l’explosion des tonneaux de rhum qui mettent le feu aux usines et maisons. Les Pierrotins inhalent un air brûlant et se consument de l’intérieur. Dehors ils sont écrasés par une pluie de pierres. Tous les bateaux de la rade coulent, submergés par le raz-de-marée ou dévorez par le feu. En 90 secondes près de 30000 humains et la plus belle ville de la Caraïbe ont péri. Seuls s’en sortiront Léon Compère, un cordonnier blotti sous un meuble et Louis Cyparis, abrité par le cachot de sa prison. Les 29 et 30 août de la même année, suite à une nouvelle série de nuées ardentes plus terribles que celle de mai, la Pelée fera 1500 morts de plus à cause du même manque de clairvoyance des gouverneurs Georges Lhuerre et Jean-Baptiste Lemaire qui renverront et maintiendront dans leurs foyers les milliers de sinistrés qui affluent des villages du Nord vers Fort-De-France en dépit des nouvelles secousses de la montagne. Saint-Pierre cette fois est rasée. La ville est rayée de la carte administrative en février 1910 et une nouvelle Saint-Pierre sera inaugurée le 20 mars 1923.

    Saint-Pierre n’a jamais pu retrouver ses fastes d’antan.

     

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