La ferme des corps

Un résident de la ferme des corps

Près du centre médical de l’Université du Tennessee, il existe un terrain de plus d’un hectare cloturé par des barbelés. On peut y trouver à tout moment une quarantaine de cadavres en train de pourrir au soleil. Ou dans des coffres de voiture. Ou dans des tombes de fortune. C’est de cet endroit, à éviter pour les pique-niques, que proviennent la plupart de nos connaissances récentes sur la décomposition humaine : la ferme des corps.

En 1971, le Dr William Bass était souvent sollicité par la police pour des affaires de meurtre. Mais faute d’installation appropriée,  les connaissances de l’époque étaient encore très approximatives quand il s’agissait de determiner l’heure de la mort des victimes. En tant que directeur du département d’anthropologie, Bass décida de combler cette lacune en créant un complexe spécialement dédié à la décomposition des cadavres.

Parmi les corps qui se sont succédés dans la “ferme”, plus de 300 provenaient de personnes qui en avaient fait don à la science, tandis que d’autres n’avaient simplement pas été réclamés au bureau du médecin légiste. En étudiant sur eux les phases de décomposition et notamment le cycle des insectes, Bass et ses étudiants ont permis de résoudre des crimes, et d’innocenter des suspects.

Il existe aujourd’hui 3 complexes aux Etats-unis, régulièrement visités par les agents du FBI, et même par des… écrivains: Patricia Cornwell alla visiter l’étrange institut de recherche anthropologique de l’Université du Tennessee pour les besoins de son roman de 1994, “Body Farm”. Le surnom est resté.