• Le cas du presbytère de Borley

     


    Le cas du presbytère de Borley est particulièrement intéressant pour qui veut s'adonner à l'étude ou à la chasse des fantômes car il constitue une référence de tout premier choix, que ce soit au niveau de la multiplicité des phénomènes et de leur nombre (plus de 2000 ont été répertoriés!), celui des antécédents (voir plus bas) difficilement plus évocateurs, la médiatisation de l'événement, les "preuves qui en ont été tirées", les rebondissements de l'affaire, l'intervention de Harry Price, chasseur de fantômes notoire et, sa conclusion. Le presbytère de Borley est, de nos jours encore, considéré comme le lieu le plus hanté d'Angleterre et peut-être même du monde. Ce n'est pas peu dire!

    Situé dans l'Essex, près de la rivière Stour, le presbytère de Borley est un bâtiment assez récent puisqu'il a été construit en 1863 par le révérend Henry Bull. Toutefois, le site sur lequel il fut érigé date, lui, du moyen âge. Il exista là un prieuré que l'on suppose cistercien, ce dont on est certain en revanche, c'est qu'un trésor s'y trouve toujours (à défaut de fantômes, il y a donc de quoi faire...) Il faut noter à ce propos que, contre toute attente, lors de la dissolution des monastères, les biens ne furent pas confisqués mais soigneusement cachés par le prieur et ses moines.

    Avant même de parler du presbytère, on signale déjà une hantise sur le site de ce dernier. L'histoire des lieux est extrêmement riche en drames, meurtres, empoisonnements, et autres "amusettes et joyeusetés"...Ainsi par exemple, on dit qu'une novice du couvent de Bures et un jeune moine du Prieuré de Borley tombèrent amoureux. Ils furent surpris alors qu'ils s'échappaient dans une charrette. Le jeune moine fut puni de mort et la jeune nonne fut condamnée a être emmurée vivante dans la crypte sous le prieuré. Bref, on s'amusait bien, à l'époque!

    La suite des événements n'allait pas être triste non plus. Le 16 Octobre 1930, le révérend Lionel Foyster et sa femme Marianne, emménagèrent au presbytère. Leur séjour ne fut pas de très longue durée puisqu'ils le quittèrent cinq ans plus tard, probablement lassés par les  manifestations paranormales qui s'y seraient déroulées. Par la suite, Marianne raconta que de nombreux événements auraient pu être expliqués de façon rationnelle mais elle fut incapable de les expliquer tous. Par exemple, des inscrptions sur les murs ne reçurent aucune explication.

    Le presbytère avait depuis longtemps acquis sa sinistre réputation lorsqu'il connut des derniers locataires, lesquels se caractérisaient par leur scepticisme à toute épreuve. Le capitaine William Gregson et les siens durent pourtant bien changer d'avis.

    Le presbytère de Borley fut la proie des flammes pendant la nuit du 27 au 28 Février 1939. Nullement décontenancés pour autant, les fantômes se seraient manifestés en face de la route, dans l'église de Borley où ils ne semblaient donc pas non plus découragés par la vocation de l'édifice.

    Plusieurs personnes prirent des photos parfois très énigmatiques de certaines apparitions. Il s'agit de la photo de "la brique flottante" qui aurait en fait été portée par un esprit aux dires d'observateurs nantis d'une meilleure vue, ou celle du vieil homme voûté, mais il est difficile de se prononcer au vu de la qualité des clichés. Il existe cependant des éléments beaucoup plus récents: David Bamber prit une photo en 1995 semblant montrer Harry Price par-dessus une pierre tombale. Si on regarde de près. Il revint en 1999, avec une photo de ce qui pouvait passer pour une silhouette dans les arbres. Le photographe Dick Gee ne peut pas expliquer comment il se fait qu'une photo qu'il a prise dans l'église présente une sorte de "brouillard" en son milieu.

    Mais l'étude du presbytère de Borley ne se limite pas à cela. Les trouvailles historiques deviennent de plus en plus intéressantes: ainsi, on remarque non seulement que les lieux ne sont pas hantés par un seul fantôme mais plusieurs, dont celui de son premier vicaire, le révérend Henry Bull. Un soir, peu après y avoir aménagé, l'un des enfants du révérend est giflé au visage par une main invisible. Un autre enfant dira avoir vu un homme habillé «à l'ancienne» qui se tenait debout près de son lit. On y signale aussi un attelage que l'on entend galoper dans l'allée (la charrette de la nonne et de son parti?). Les circonstances même de l'incendie su presbytère sont elles aussi mystérieuses et ne seront d'ailleurs jamais expliquées. Dans les ruines de l'incendie, on retrouva un squelette de femme enterré dans la cave. Celui de la religieuse assassinée ?
    Mais ce n'est pas encore tout: poltergeist; portes arrachées, volets brisées, lueurs étranges, sons terrifiants, pluies de pierres, déplacements inexplicables des meubles, etc... à défaut de saut à l'élastique, le touriste y trouvera donc tout ce qu'il faut pour faire son bonheur pourvu qu'il soit amateur de sensations fortes.
    Harry Price, le célèbre chasseur de fantômes qui avait démasqué tant de faux médiums, élucidé tant de fausses hantises, a aussi offert son propre témoignage, étayé de minutieuses constatations. Pour l'occasion, un appareillage moderne avait été employé: enregistreurs caméras, circuit infra-rouge. Pour lui qui était donc un éminent spécialiste de la question (son étude fit d'ailleurs l'objet d'un film: "Qui hante le presbytère de Borley?") il n'y avait pas à tergiverser: les lieux étaient bel et bien hantés et constituaient même l'une des plus évidentes preuves de l'existence des fantômes.
    Peut-être pour alimenter la controverse, on accusa Harry Price d'avoir amplifié les événements insolites du presbytère. L'affaire rebondit en 1958 avec les révélations de Marianne Foyster, qui confia à des chercheurs que toutes ces manifestations n'étaient qu'une mise en scène. C'est elle et son défunt époux qui, disait-t-elle alors, étaient derrière chaque coup frappé à Borley. Le commun des mortels croit alors être rasséréné: mais non! voyons! Les fantômes n'existent pas! On vous l'avait bien dit...
    Seulement, les Foyster n'étaient pas encore sur place, ni même seulement au monde alors que les lieux étaient déjà réputés hantés. Ils n'ont pas pu expliquer eux-mêmes tous les phénomènes. Avant même la construction du presbytère, un sentier menant à l'église était connu sous le nom du «sentier de la nonne», à cause justement du fantôme d'une religieuse qui y avait maintes fois été aperçu.
    Et puis... il reste que, de nos jours encore, l'église de Borley est le théâtre de manifestations étranges. C'est du moins ce que l'on dit.

    Nous avons effectué quelques recherches et notamment trouvé une liste des fantômes possibles au presbytère. Vous trouverez ci-dessous une liste des noms ou rôles de personnes ayant connu une fin tragique (traduit de l'anglais, il peut subsister certaines approximations ou erreurs):

    1. La nonne - emmurée vivante
    2. Le moine - pendu ou décapité
    3-4. un ou deux cochers - pendus ou décapités
    5. Simon de Sudbury - décapité le 14 juin 1381
    6. Sir Edward Waldegrave - mort, Tour de Londres, 1 Septembre 1561
    7. John Deeks - très désagréable ministère de 1642-60
    8. Cavalier loyaliste - échappé de la bataille de Borley, il fut trouvé et tué.
    9. Prêtre catholique (Dominic ou Enoch) - crucifié
    10. sa "compagne", une nonne - assassinée
    11. Marie Lairre - étranglée par Charles Waldegrave, 17 Mai 1667
    12. Arabella Waldegrave - assassinée par sa mère, Henrietta 1697
    13. Henrietta Waldegrave - assassinée par Nicholas Waldegrave, 1730
    14. "Cris perçants de fille" - défenestrée de la chambre bleue
    15-16. deux cochers - exécutés pour meurtre
    17. Katie Boreham - étranglée par Harry E. 1888
    18. Harry Bull empoisonnée par sa femme, Ivy.
    19. Lionel Foyster - empoisonné
    20. Harry Price - diffamé.

    NB: La voyante Lilian Bailey a reçu un message de Harry Price après sa mort. Il disait: "Le presbytère est vraiment hanté, Borley le prouvera de lui-même et je serai vengé, même si pour ce faire, je dois y revenir et m'y manifester moi-même..."
    Malheureusement, cette dernière phrase peut également s'interpréter de deux manières fondamentalement différentes:
    L'interprétation fantastique:
    En dénigrant Price, on lui a donné une "raison" de se transformer en fantôme après sa mort. En effet, il est mort en conservant une rancune tenace vis-à-vis de l'opprobre qu'on lui a causé (sous-entendu, ce qu'il disait était vrai et le presbytère était donc bel et bien hanté. De toute façon, dans le cas contraire, s'il ne l'était pas, maintenant, il le sera!
    L'interprétation rationnelle:
    Harry Price était certes convaincu que le presbytère était hanté. Il l'était d'autant plus qu'il voulait y croire. Ce n'était donc qu'une forme d'auto-persuasion qu'il a essayé de communiquer.

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