• Otto Frank raconte le moment de l’arrestation

    Otto Frank raconte le moment de l’arrestation

    « Il était à peu près 10 h 30. Je me trouvais dans la chambre de Peter van Pels où je lui donnais une leçon d'anglais. Je n'ai rien entendu. Et quand j'ai perçu du bruit, je n'y ai pas fait attention. Peter avait fait une dictée et j'étais en train de lui dire:« Mais Peter, « double », ça s'écrit avec un seul b en anglais ! »
    « J'étais en train de lui montrer la faute dans la dictée quand, soudain, quelqu'un a monté l'escalier en courant. Les marches craquaient, je me suis levé d'un bond car c'était encore le matin et chacun se devait d'être silencieux - puis la porte s'est ouverte et un homme est entré. Il tenait un revolver et le poin-tait sur nous. C'était un homme en civil.
    Peter et moi avons mis les mains en l'air. L'homme nous a tout d'abord ordonné de le précéder et ensuite de descendre l'escalier. Il nous suivait, le pistolet à la main. En bas, tout le monde avait été rassemblé. Ma femme, les enfants et les Van Pels se tenaient debout, les mains en l'air. Puis Pfeffer est entré à son tour, talonné lui aussi par des hommes que je ne connaissais pas. Au milieu de la pièce se tenait un homme en uniforme vert. Il observait nos visages.
    Puis il nous a demandé où se trouvait notre argent et nos bijoux. Je lui ai indiqué un placard dans lequel se trouvait mon coffre. L'homme du service de sécurité a pris le coffre, a regardé à droite et à gauche et s'est emparé du porte--documents dans lequel Anne gardait ses papiers. Il l'a secoué, en a vidé le contenu par terre puis il y a fourré nos bijoux et notre argent. »
    Puis il a dit : « Allez faire vos bagages. Et que tout le monde soit de retour ici dans cinq minutes. » Les Van Pels sont montés chercher leurs sacs à dos, Anne et Pfeffer sont allés dans leur chambre et j'ai saisi mon sac à dos qui était accroché au mur. L'homme du service de sécurité s'est arrêté soudain devant le lit de ma femme, a fixé la malle qui se trouvait entre le lit et la fenêtre et a crié : « Comment vous êtes-vous procuré cette malle ? » C'était une malle grise avec une armature métallique comme on en avait tous pendant la Première Guerre mondiale et dont le couvercle portait l'inscription : Lieutenant de réserve, Otto Frank. J'ai répondu : « Elle m'appartient. » « Comment ça ? » « J'ai été officier dans l'armée allemande. » Ma réponse l'a décontenancé. Il m'a regardé fixement et a demandé : « Pourquoi ne l'avez-vous pas signalé en temps et en heure ? » Je me suis mordu les lèvres. « Vous auriez sûrement été épargné. On vous aurait envoyé à Theresienstadt ! » Je me suis contenté de le regarder. Alors il a dit : « Prenez tout votre temps ».

     


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