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Par PRALINES1 le 6 Décembre 2009 à 16:05
Pieds
Chine
Les pieds menus firent l'admiration des Chinois bien avant que la coutume des pieds bandés ne prenne l'apparence d'un fétichisme quasi généralisé. Au Xe siècle, les danseuses de la cour impériale portaient des chausses très étroites pour faire disparaître leurs pieds plus petits. La coutume se répandit dans les classes supérieures, et le bandage des pieds prit des aspects cruels et ritualisés.
Une mère de haute naissance recourait à l'astrologie pour déterminer l'époque du gin lien de sa fille, qui devait s'accomplir entre 3 et 8 ans. Selon le calendrier lunaire, les mères commencent à bander les pieds de leur fille, le plus souvent en automne ou en hiver. Le tout pour que la fillette souffre le moins possible. Les pieds sont lavés dans une eau tiède aux herbes, sèchés les peaux mortes enlevées et les ongles coupés. Après, on bande les pieds avec des bandelettes de coton blanche ou bleue foncée (dans les régions plus pauvres), de 2 pouces(5 cm) de large et de 10 pieds (3 m) de long. Les quatre orteils de l'enfant étaient repliés vers la voûte plantaire et maintenus en place par un bandage. Le gros orteil était laissé libre, pour obtenir la forme d'une demi-lune. Une fois les pieds complètement bandés, la fillette est "forcé" de marcher sur ses nouveaux pieds et par la même occasion sur sa douleur. À chaque jours, après le bain, le pied était bandé plus étroitement et emprisonné dans une chaussure d'une pointure de moins que la précédente. Au bout de 2 ans, les pieds seront de dimension "acceptable". L'objectif était de produire une rareté culturellement valorisée, le "lotus 'or", ou pied ne dépassant pas 7,5 cm (à 10 cm c'est un "lotus d'argent"). Les seuls instants où une jeune fille avait les pieds découvert étaient le bain ou, plus tard, le moment où son mari déroulait les bandages lors des préludes amoureux.
Son aspect monstrueux n'empêchait pas le pied de lotus d'être considéré comme la partie la plus érotique du corps féminin, et les délicats chaussons ou bottillons qui le couvraient étaient, par association, source de délices. Les époux chinois adoraient les minuscules souliers de lotus de leurs épouses et les exhibaient parfois avec fierté sur de petits plateaux. Les femmes possédaient couramment plusieurs centaines de paires de ces chaussures dont le style variait selon le lieu et la mode, et elles passaient des heures à les broder de symboles de fertilité, de longévité, d'harmonie et d'union. Les souliers portés le soir du mariage figuraient souvent des scènes érotiques explicites, destinées à instruire la jeune mariée. Le prélude amoureux classique consistait pour le mari à déchausser doucement son épouse, puis à lui démailloter les pieds. Les bandes de coton ou de soie de 3 mètres de long pouvaient servir à attacher la jeune femme dans des pratiques de soumission.
Les pieds bandés se raréfièrent quand la Chine devint une république en 1912, et avaient à peu près disparue lorsque Mao en prononça l'interdiction en 1949. Ce rituel vieux de mille ans était devenu un motif de honte et les souliers de lotus, qui font aujourd'hui le bonheur des collectionneurs, sont pour les Chinois des reliques d'un passé qu'ils veulent oublier.
Les femmes mandchoues, qui n'avaient pas les pieds bandés, portaient des chaussures surélevées pour imiter la démarche du "pied lotus", tant prisée par les Chinois. Le socle étroit était fait de couches de coton amidonnées et cousues.
"On rencontre encore en Chine des femmes aux "petits pieds", bien que cette pratique soit interdite depuis 1912. Cette déformation est l'une des plus dommageable car on provoque ainsi la formation d'un pied bot avec retournement et incrustation des orteils dans la plante du pied. Mais ces "pieds de Lys" leur donnaient une démarche "d'hirondelle volante", qui a été chanté par tous les poètes."
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Grèce
En Grèce et à Rome par la suite, au temps de l'Antiquité, les acteurs tragiques portaient des Cothurnes pour que les spectateurs puissent mieux les voir. Les Cothurnes étaient des chaussures très élevées (15 cm)et avec les masques d'envergures qu'ils portaient, les Cothurnes ne faisaient qu'accentuer le gigantisme des acteurs.
Italie
Depuis des siècles, les hommes placent les femmes sur des piédestaux. La mode, aussi parfois jusqu'au ridicule. Au XVIe siècle, à Venise, des chaussures appelées chopines élèvent les femmes à des hauteurs atteignant 75 cm, on dit que plus une femme était noble, plus ses Chopines étaient vertigineuses. Ces plates-formes de lèges ou de bois étaient habituellement recouverte de cuir ou de velours cousu de pierres précieuses et assortis à la chaussure. Dérivée d'un style de chaussures si répandu dans l'Espagne du XVe siècle que les ressources de liège du pays furent presque épuisées, la chopine vénitienne devient le symbole même de la richesse et de l'aristocratie. Il faut l'aide de deux domestiques pour marcher dans ces chaussures ridiculement peu pratique mais qui font l'orgueil des élégantes, en dépit des moqueries des voyageurs accourant à Venise pour voir ces femmes statufiées sur leurs piédestaux.
La mode des chopines atteint la France et l'Angleterre. Là aussi, les femmes tanguent stoïquement sur des plates-formes trop élevées pour sortir sans assistances. Ces "escabeaux", comme on les appelle alors, tombent en désuétude deux siècles plus tard, quand on découvre qu'il suffit d'abaisser l'avant de la chopine pour pouvoir marcher. Le talon est né et les talons rouges allaient remplacer les chopines dans leur fonction symbolique. Les plates-formes n'atteindront plus jamais les hauteurs de la chopine mais réapparaissent périodiquement au XXe siècle, à des intervalles de vingt ans environs.
Les chopines furent interdites après qu'un nombre impressionnant de Vénitiennes aient été victimes de fausses couches à la suite de chutes. Dans le reste de l'Europe, la vogue continua néanmoins jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.
Les maris vénitiens auraient imposé les chopines à leurs épouses pour les empêcher de s'égarer…
L'église, par ailleurs peu soucieuse d'encourager les excès vestimentaires, voyait d'un bon œil le port de la chopine, en gênant le mouvement, décourageait certaines activités condamnables comme la danse.
Surnommées "sabots de vaches" ou "gueules de bœuf", tournées en dérision par les contemporains, les chopines peuvent se classer parmi les monstruosités de la chaussure.
Dans l'Angleterre du XVIe siècle, un mariage pouvait être annulé si la fiancée avait triché sur sa taille en portant des chopines.
Japon
Au Japon, les Maikos (apprenties Geisha de Kyoto des Okobo, chaussures de bois pointues, assez hautes avec des lanières laquées. Devenues Geishas, elles mettent les zoris ou des getas, selon les circonstances ou les saisons. D'ailleurs, ni les zori, ni les geta ne sont spécifiques au Geishas, toutes Japonnaises portant un kimono mettent ces chaussures.
La marche avec des okobo semble requérir un peu de pratique, mais n'a pas l'air si difficile que ca. De fait, ce type de chaussures a été créé dans les années 1750 pour les jeunes filles (voire les petites filles) sous le nom de pokkuri. Les fillettes en mettent encore parfois de nos jours pour la fête des 3-5-7 ans, et peut-être d'autres occasions.
Il y a un autre type de sandales de bois hautes, a trois "dents", que portaient les Tayu et Oiran et autres prostituées de classe assez élevée, pour la parade les menant de leur établissement a la salle de banquet ou elles rencontraient leur clients. Lors de cette parade, elles marchaient d'un pas lent avec une démarche très particulière (désolé, je ne sais pas trop comment la décrire, je l'ai vue nommer "figure de huit" en anglais)
Pendant plus de 1 000 ans, les mères chinoises ont enveloppé les pieds de leurs filles de bandages serrés afin de les rendre aussi petits que possible.
Ces pieds déformés ont longtemps symbolisé pour l'Occident la barbarie et l'exotisme chinois.
Cette mode a fait son apparition en Chine en l'an 950 de notre ère.
L'origine des pieds bandés
Les origines de cette pratique mêlent histoire et légende. On sait que dès le VIe siècle avant notre ère, il existe des expressions chinoises pour décrire le procédé d'oppression employé mais sans précision sur la partie du corps concernée.
Au début du IXe siècle, le poète Tu Mu rend hommage aux courtisanes qui ont de petits pieds mais il ne parle pas de déformation artificielle.
Les historiens chinois situent l'apparition du bandage déformant sous les « Cinq petites dynasties », qui se partagent la Chine entre 907 et 962.
Cette méthode est alors spécifique aux courtisanes de haut rang.A l'origine, cette mode était donc une coutume des courtisanes de la cour impériale. Comment expliquer que cette coutume se soit répandue dans tous les milieux sociaux ?
Piété familiale et prestige
Partie du harem impérial, la mode du petit pied gagne progressivement toutes les classes sociales.
Cette pratique semble s'être généralisée à la fin du XIe siècle. Les femmes perpétuent cette tradition de génération en génération.
L'éducation chinoise favorise surtout la soumission et au conformisme social.De plus, peu à peu, les chinois sont persuadés que de cette atrophie dépend le prestige de la famille.
A leurs yeux, une jeune fille qui n'a pas de petits pieds ne pourra jamais trouver un mari qui fasse honneur à sa famille.
En effet, la taille du pied est un élément essentiel de la beauté. Les petits souliers deviennent un véritable critère standard de beauté.
Le pied est, en Chine, la partie du corps la plus érotique.On peut également y voir un moyen de restreindre la liberté des femmes car, devenues adultes, leur démarche ne pouvait être que lente et difficile.
Une déformation à vie
L'idéal est que le pied mesure 15 cm. Cette perfection est rare et donc très recherchée. La jeune fille qui possède cet atout fera un riche mariage.
La réussite dépend de l'âge auquel la mère a commencé à bander les pieds de sa fille ainsi que des massages des articulations du pied.
Il est impératif de commencer avant l'âge de 8 ans. Ainsi, il n'est pas rare que le bandage commence dès la quatrième année.
Le bandage se porte jour et nuit.La déformation la plus courante consiste à replier progressivement les derniers quatre doigts de pied sous le gros orteil.
Puis, il faut le raccourcir en accentuant la courbure de la voûte plantaire avec un objet cylindrique qui la comprime.Il est évident que cette mode a infligé pendant 1 000 ans aux fillettes des douleurs difficilement tolérables.
Les édits impériaux de 1902 interdisent la déformation des pieds. Mais, il faudra attendre 1911 et la naissance de la République pour que des mesures efficaces soient prises.
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